Bilan d’un marché locatif 2024 complètement bloqué !

Christelle Privat
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Si le marché immobilier tend à s’améliorer depuis la récente baisse des taux, la forte tension sur le marché locatif perdure. L’offre de biens à louer continue de fléchir alors que la demande est au plus haut, ce qui encourage une augmentation nette des loyers et crispe davantage une situation déjà préoccupante. Nous dressons pour vous le bilan du marché locatif en 2024.

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Immeubles de location modernes
L’offre de biens à louer continue de baisser : -8,6 % entre octobre 2023 et octobre 2024 ! © Getty Images
Sommaire

Une offre locative en chute libre !

En 2023, le bilan du marché de la location révélait déjà une dégradation des conditions de logement pour les locataires : pénurie de biens à louer, demande en forte progression, hausse des loyers, etc. En 2024, le constat reste le même : le marché locatif est bloqué, malgré quelques récents signes d’une très légère amélioration.

Sur l’année écoulée, l’offre de logements à louer à continuer de baisser (-8,6 % entre octobre 2023 et octobre 2024). L’année précédente enregistrait déjà une diminution de l’offre de l’ordre de 22,1 %, entre octobre 2022 et octobre 2023. La situation de pénurie s’est installée.

Toutefois, tout n’est pas entièrement noir. La récente baisse des taux d’intérêt qui stimule à nouveau la demande sur le marché de la transaction, conjuguée à la baisse des prix immobiliers (-0,9 % sur un an, en octobre 2024), se traduit par un ralentissement de la baisse du volume de biens à louer (-4,4 % en octobre 2024). L’offre se stabilise, mais à un très bas niveau. En trois ans, entre octobre 2021 jusqu’à aujourd’hui, on note une chute de l’offre locative qui atteint : -31,9 %. C’est considérable !

Un déclin de l’offre disparate…

Il faut noter que la pénurie d’offre ne sévit pas de la même manière sur tout le territoire français. En effet, la situation est assez hétérogène dans les 10 plus grandes villes de France (excepté Paris).

Dans certaines métropoles, les candidats à la location sont extrêmement pénalisés car le volume d’offres a baissé considérablement en un an, comme à Montpellier (-15,3 %), Strasbourg (-29,6 %), Toulouse (-18,1 %) ou Nice (-28,7 %). En revanche, dans les villes de Marseille (+8 %), Bordeaux (+5,9 %) ou Nantes (+7,7 %), les difficultés pour trouver un logement semblent s’atténuer.

Tableau de l'évolution de l'offre de logements sur un an, en octobre 2024 et octobre 2023

Une offre au plus bas, face à une demande au plus haut !

En trois ans, la demande de biens à louer n’a cessé d’augmenter (+45 % depuis octobre 2021), notamment à cause des difficultés d’accession à la propriété. Une forte demande face à une offre au plus bas : l’équation est difficile ! Toutefois, sur un an, entre octobre 2023 et octobre 2024, on observe une baisse du nombre de locataires en recherche d’appartement : -9,4 %. Avec la récente baisse des taux d’intérêt et le léger retour de la demande sur le marché de la transaction, on peut espérer de légères améliorations à venir, même si le problème du logement demeure structurel

La décélération de la demande de locations est présente dans la plupart des villes du top 10. Bordeaux (-14,1 %), Nantes (-11,6 %), Nice (-10,9 %) et Lyon (-10,6 %) enregistrent les plus fortes baisses de demande sur un an en octobre 2024. En revanche, à Montpellier (+4,6 %), Toulouse (+2,8 %) et Strasbourg (+1,3 %), le nombre de candidats à la location est toujours en légère hausse.

Evolution de la demande de logements sur un an

Les loyers ne cessent d’augmenter depuis 3 ans

C’est un peu la loi du marché, la pénurie de biens à louer face à une forte demande fait augmenter les loyers. Effectivement, sur un an, le niveau des loyers progresse encore : +4 % entre octobre 2023 et octobre 2024. Une hausse désormais supérieure à l’inflation (+1,1% en septembre 2024).

Selon les équipes scientifiques de Meilleurs Agents et SeLoger : « Les loyers sont en nette accélération sur l’ensemble du top 10 avec une hausse de +4,7 % contre +2,8 % en octobre 2023. Même tendance pour les 50 plus grandes villes de France avec +4,3 % contre +3,3 % il y a un an. » Si on regarde de plus près, certaines villes enregistrent des hausses de loyer assez spectaculaires, comme à Antibes (+10,1 %), Nice (+7,8 %) ou encore Marseille (+7,7 %). Des communes comme Clermont-Ferrand (0,7 %), ou Grenoble (1,4 %) montrent des hausses plus mesurées. Il est à noter que « sur un an, aucune ville du top 50 ne voit ses loyers baisser ! »

Évolution des loyers sur un an, en octobre 2024

  • Aix-en-Provence : 4,8 %
  • Angers : 5,5 %
  • Antibes : 10,1 %
  • Bordeaux : 3,9 %
  • Bourges : 6,1 %
  • Brest : 5,6 %
  • Cannes : 6,8 %
  • Grenoble : 1,4 %
  • Le Havre : 6,7 %
  • Le Mans : 4,8 %
  • Lille : 2,3 %
  • Lyon : 4,4 %
  • Marseille : 7,7 %
  • Montpellier : 3,7 %
  • Mulhouse : 6,0 %
  • Nantes : 2,3 %
  • Nice : 7,8 %
  • Orléans : 3,2 %
  • Paris : 3,7 %
  • Rennes : 3,2 %
  • Strasbourg : 5,5 %
  • Toulouse : 3,8 %

Focus sur le marché locatif parisien

À Paris, le marché locatif, tout comme celui de la transaction est spécifique. Dans la capitale, trouver un logement en location relève de l’exploit. Depuis 3 ans, l’offre de biens à louer en forte inflexion (-54,8 % depuis octobre 2021) illustre bien le phénomène. Cependant, la situation de stabilisation observée au niveau national se répercute aussi à Paris. En octobre, l’offre est en hausse (+10,5 %) !

Au niveau de la demande de biens à louer, elle suit la tendance nationale en baisse. Toutefois, la baisse de la demande est plus spectaculaire dans la capitale : -24,6 %, contre -9,4 % sur la France entière. Les loyers parisiens continuent de progresser, malgré le léger ralentissement de la hausse : +3,7 % sur un an en octobre 2024, contre +4 % en octobre 2023.

À retenir

« Depuis 2 ans, les difficultés sur le marché de l'accession ont aggravé les tensions locatives. De manière symétrique, les légères améliorations dans le pouvoir d'achat immobilier des français permet d'apporter un certain bol d'air au marché locatif français, même si les tensions restent importantes dans un marché caractérisé par une offre faible et une demande forte. Les prochaines décisions politiques pourraient être l'opportunité de contribuer à l'amélioration de ce marché locatif au-delà du simple ajustement par le marché », rappelle Alexandra Verlhiac, économiste chez Meilleurs Agents et SeLoger.

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