Cocorico : Bouge ton coQ, l’asso qui réveille nos villages !

Nous sommes en 2020. En pleine pandémie de Covid-19. Pendant que nombre d’entre nous se (re)découvrent une passion pour la pâtisserie, le macramé ou le Scrabble, certains s’interrogent sur ce qu’ils pourraient faire pour améliorer le quotidien des autres. C’est le cas de Christophe et Emmanuel Brochot et de Corentin Emery : les trois hommes créent alors l’association Bouge ton coQ. Leur objectif : réveiller les petits villages, qui se vident inexorablement de leurs habitants. Et donc de leurs commerces. Et inversement. 

“Nous sommes un mouvement citoyen d’intérêt général. Nous sommes là pour remettre de la vie dans les villages, souligne Corentin Emery, l’un des trois co(q)-fondateurs de l’asso. Comment ? En identifiant des solutions qui fonctionnent dans des thématiques assez précises mais qui pèsent vraiment sur la vie dans les villages : l’alimentation et la santé.” 

Deux piliers essentiels mis à mal dans ces communes trop souvent désertées. Selon Bouge ton coQ, 20 000 communes françaises de moins de 3 500 habitants n’ont ainsi plus aucun commerce. C’est plus d’une commune sur deux. 

Toujours d’après l’asso, 8 millions de Français vivent aujourd’hui dans des “déserts médicaux”. Et les conséquences sont dramatiques puisqu’on estime que 70 % de nos concitoyens auraient renoncé au moins une fois à se faire soigner. En zones rurales, l’espérance de vie est… deux ans inférieure à la moyenne nationale ! 

Partant de ces tristes constats, nos trois coqs ont mis en place un programme ambitieux, qui porte déjà ses fruits.

Premier cheval de bataille donc, l’alimentation. Bouge ton coQ propose aux municipalités et habitants intéressés de les accompagner dans l’ouverture d’épiceries participatives dans toute la France. En quatre ans, déjà 150 commerces de ce type ont vu le jour. Mais c’est quoi, une épicerie participative ? C’est un “vrai commerce mais qui n’a pas de charge car il fonctionne grâce au bénévolat”, indique encore Corentin Emery. Chaque habitant membre du collectif donne deux petites heures de son temps par mois pour faire tourner la boutique grâce à un logiciel très simple qui assure toute la gestion. 

Et dans ces épiceries, on trouve de tout (ou presque). Ici, 75% des produits viennent des producteurs locaux et sont vendus en moyenne 20% à 30% moins chers que dans les commerces traditionnels. “C’est du direct producteur-consommateur et l’épicerie ne fait pas de marge, les produits sont vendus à prix coûtant.” 

Le programme d’accompagnement proposé par Bouge ton coQ prévoit la formation de bénévoles pour mener une enquête publique dans le village et mobiliser un collectif d’habitants, les démarches auprès de la municipalité pour identifier et mettre en état le local, l’aide au financement, les questions administratives et logistiques, l’inauguration… Ce tutorat se poursuit jusqu’à un an après l’ouverture de l’épicerie. 

Dans les villages concernés, les retours sont unanimement positifs. “En plus de son rôle alimentaire, cette épicerie nous offre des occasions de nous rencontrer, de partager un café…”, se réjouit une habitante de La Marche (542 habitants), dans la Nièvre.

Des belles rencontres naissent toujours de grandes choses. Il y a trois ans, les fondateurs de Bouge ton coQ font la connaissance du docteur Martial Jardel. Ce jeune généraliste partage la même vision que les membres du collectif. Il s’est d’ailleurs illustré en partant en camping-car faire un tour de France des remplacements juste après son internat. Ensemble, ils décident naturellement de créer Médecins Solidaires avec pour objectif d’ouvrir des centres de santé en zones rurales. Deux établissements ont déjà ouvert, dans la Creuse, pour plus de 3 000 consultations réalisées par les 340 généralistes qui ont rejoint le mouvement.

Ces centres médicaux sont occupés par des médecins de la France entière qui donnent une semaine par an de leur temps. “On est partis de l’idée qu’on pouvait demander peu à beaucoup au lieu de demander beaucoup à peu de médecins”, explique le docteur Jardel.  

Et chaque semaine, le médecin change. Ce qui peut refroidir certains patients ? Pas à en croire le collectif qui précise que “la qualité du suivi est assurée par une traçabilité rigoureuse dans les systèmes informatiques. De plus, nous sommes convaincus que la prise en charge par plusieurs professionnels peut avoir d’autres avantages : chaque praticien remet de l’énergie dans les dossiers et a envie de sortir le meilleur de lui-même.”

En tous cas, nous on adore ces initiatives ! Et on n'est pas les seuls : Martial Jardel a été désigné personnalité santé de l'année 2024 par la revue spécialisée Le Quotidien du Médecin.

Retrouvez tous les épisodes de notre série consacrée aux plus belles idées pour redynamiser les campagnes : des terrains à 1€/m² à Fursac, la coopérative foncière Villages Vivants, la renaissance du hameau de Cauduro, des terrains bradés en bord de mer à Kerbors et à Ouistreham - avec son happy end -, les dispositifs de maisons à 1 euro, l’exonération de taxe foncière proposée à Vald’Yerre, les loyers riquiquis dans plusieurs communes et l’opération séduction de Bourgogne-Franche-Comté.