Bretagne : des terrains à 65€/m2 pour attirer de nouveaux habitants
L’initiative originale de la municipalité de Kerbors méritait bien de figurer dans notre série consacrée aux idées pour redynamiser les campagnes. Seule condition pour acheter ces terrains bradés en bord de mer ? S’installer durablement dans ce petit village des Côtes-d’Armor.
Kerbors, un paradis sauvage classé en zone tendue
Avec ses plages de sable fin, ses ruelles pavées, ses menhirs témoins d’un autre temps et sa situation géographique exceptionnelle sur la presqu’île de Lézardrieux, Kerbors a tout d’un petit paradis. “Sauvage mais isolé”, précise son maire (sans étiquette) Gildas Le Béver.
Mais ce village des Côtes-d’Armor (Bretagne) fait aussi face à une réalité démographique inquiétante : le vieillissement de sa population. Car Kerbors, c’est 300 habitants. Pour la plupart des personnes âgées occupant seules des maisons conçues pour accueillir des familles. La commune est d’ailleurs classée en zone de tension immobilière.
Le saviez-vous ?
En France, on appelle zone tendue un périmètre territorial au sein duquel les locataires ou les aspirants propriétaires ont du mal à trouver un logement. Cette notion est apparue en 2013.
Dix lots de 500 à 700 m2 à proximité de la mer
Alors la municipalité a pris une initiative originale : faire construire le premier lotissement communal de Kerbors, en périphérie du bourg. Dix lots constructibles d’environ 500 à 700 m2, répartis sur un hectare de terrain arboré, à proximité de la mer. Des terrains agricoles et la cour d’un ancien couvent transformé en logements sociaux, rachetés par la mairie et viabilisés dans le cadre de ce projet.
Moins de 200 000 € de budget, terrain et construction compris
Les futures parcelles du lotissement Enez-Yar - du nom du splendide ilôt situé à deux pas - seront vendues à prix cassé. Comptez 65 €/m2 à Kerbors, contre 100 euros environ dans les communes alentours. Une opération coûteuse mais “indispensable” pour la municipalité, qui doit apporter une subvention d'équilibre de 130 000 euros pour mener à bien ce projet.
Chaque terrain viabilisé comporte les caractéristiques suivantes : électricité, téléphonie, adduction d’eau potable, eaux pluviales, eaux usées (assainissement collectif). La viabilisation s’achèvera au début de l’été 2024.
Pour les futurs acquéreurs, cela représente un investissement compris entre 32 500 € et 45 500 €, frais de notaire inclus. Sophie et Anthony sont les premiers à avoir sauté le pas. Le jeune couple avoue sans détour n’avoir pu réaliser son rêve d’achat que grâce à ce tarif ultra compétitif. Budget total pour l’acquisition d’une parcelle et la construction de leur future maison ? Moins de 200 000 euros.
Locations saisonnières et résidences secondaires interdites
Objectif du maire et de son équipe : attirer de nouveaux habitants et redynamiser le village. Primo-accédants ou autres acquéreurs, tous seront “jugés sur un pied d’égalité”. Seul critère pour acheter ? S’installer durablement, que ce soit via l'accession à la propriété ou grâce à des investisseurs s'engageant à louer à long terme. Vous l’aurez compris : ici, pas de locations saisonnières ni de résidences secondaires autorisées. Car Kerbors compte déjà 35% de logements secondaires. C’est d’ailleurs ce qui a permis à la commune d’être intégrée à la liste de celles autorisées à majorer la taxe d'habitation sur les résidences secondaires. À Kerbors, les propriétaires de logement secondaires sont désormais taxés à hauteur de 40%. Ça calme.
Retrouvez les premiers épisodes de notre série : Fursac et ses terrains à 1€/m2, la coopérative foncière Villages Vivants, la renaissance du hameau de Cauduro et les terrains de bord de mer à Ouistreham.
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