Le troisième épisode de notre série consacrée aux initiatives pour redynamiser les campagnes nous emmène dans l’Hérault. Et nous fait prendre de la hauteur puisqu’on met le cap sur le hameau de Cauduro : un minuscule village perché à 500 mètres d’altitude. Sa particularité ? Il doit sa sauvegarde à un couple qui a consacré plus de 50 ans à en rebâtir chaque maison.
1970 : la découverte du hameau de Cauduro
C’est l’aventure d’une vie. Celle de Michèle et Philippe Devisme, qui ont consacré plus d’un demi-siècle à ressusciter le hameau de Cauduro. Un village d’une petite vingtaine de maisons en pierre, perché sur le dernier contrefort de la Montagne Noire. Un petit hameau héraultais qui offre une vue imprenable sur la plaine du Languedoc, avec la Méditerranée comme ligne d’horizon. Et qui aurait disparu sans la détermination d’un seul couple.
L’histoire commence en 1970. Michèle et Philippe, pas encore mariés, passent des vacances dans le Sud, d’où est originaire la famille de la jeune femme. “C’est à l’occasion de ces balades, de patelin en patelin, qu’on a décidé d’emprunter une petite route méconnue de tous. Ou du moins de nous”, se souvient Philippe. Les jeunes gens ne le savent pas encore mais leur vie va bientôt basculer. Car au bout de ce chemin, ils s’apprêtent à découvrir un hameau abandonné depuis près de 60 ans.
Le hameau de Cauduro a été subitement déserté au début de la Première Guerre mondiale. Les 11 habitants qui y vivaient encore à l’époque ont tous survécu à la guerre. Mais aucun d’entre eux ne s’est réinstallé à Cauduro.
Autour d’eux, des gravats à perte de vue. Le coup de cœur est pourtant immédiat. “L’endroit est magnifique et la vue, extraordinaire. On a rapidement su qu’une ruine était à vendre et on n’a pas réfléchi une demi-minute, poursuit Philippe. On n’avait aucune connaissance en bâtiment ou en architecture. Mais 68 avait deux ans : on était encore sur un petit nuage, on avait soif de liberté. Et puis, à 20 ans, on n’a peur de rien.”
Retrouver l'origine des maisons de Cauduro
Michèle et Philippe achètent donc leur première maison dans le hameau. Enfin ce qui deviendra une maison au prix de nombreux efforts. Pierre par pierre, ils la retapent en utilisant au maximum les matériaux existants. “L’idée, ça a toujours été de retrouver l’origine des maisons, des maisons assez étroites.” Pendant une trentaine d’années, la bâtisse de Cauduro est la maison de vacances de la famille Devisme. “Notre espace de liberté. On y venait à chaque petites vacances. Avec nos trois enfants, pour remuer des cailloux”, se souvient le couple. À l’époque et aujourd’hui encore, Michèle et Philippe partagent leur vie entre Paris et Cauduro.
Leur histoire fait rapidement le tour des communes proches du hameau. Et bientôt, Philippe et Michèle sont sollicités pour acheter “quelques cailloux” de plus.
54 ans plus tard, ils ont rebâti ici 15 maisons, dont 7 ont été transformées en gîte pour redonner vie à ce village longtemps oublié. “En juillet-aôut, Cauduro déborde de vie. Chaque année, les mêmes familles reviennent passer leurs vacances ici.” Et les enfants se retrouvent avec plaisir dans cet espace de liberté un peu hors du temps. Pour le confort de leurs hôtes, les Devisme ont aussi construit deux piscines, une salle de cinéma, une chapelle et un petit musée dans lequel ils exposent les objets trouvés au milieu des ruines et les photos que Philippe a prises pendant plus de cinq décennies.
Depuis dix ans aussi, des étudiants en géologie des universités de Tours et Besançon viennent chaque année passer une semaine à Cauduro dans le cadre de leurs recherches. Et Philippe les accueille avec toujours autant de plaisir pour transmettre sa passion de Cauduro.
2024 : un nouveau projet de reconstruction
Une passion que jamais rien n’a pu ternir. “Il y a toujours des choses à améliorer dans le village. On travaille désormais beaucoup sur l’environnement et le fleurissement.” Le couple a aussi signé l’achat d’une nouvelle parcelle dans le hameau le 6 janvier dernier. “Une parcelle très en ruines dont on n’arrivait pas à retrouver le propriétaire.” Mais il en faut plus pour décourager Michèle et Philippe. Le couple fait alors appel à des généalogistes qui finissent par retrouver les 19 copropriétaires du terrain, dont un au Canada. Le temps que tous les héritiers se mettent d’accord, ce dossier aura mis sept ans à aboutir. Mais quand on aime, on ne compte pas…
Philippe et Michèle Devisme ont reçu le prix René-Fontaine en 2022 dans la catégorie Architecture et Patrimoine. Une récompense qui vient saluer le travail d’une vie.
Retrouvez les épisodes précédents de notre série consacrée aux initiatives pour redynamiser les villages français avec Fursac et ses terrains à 1€/m2 et Villages Vivants, une coopérative foncière qui vous propose d’investir dans divers projets immobiliers utiles.
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