Explosion des coûts de construction, taux d’intérêt qui avoisinent les 4,5% : la construction de maisons individuelles est mise à mal. Mais le coup de massue est porté par le gouvernement, avec deux outils très efficaces : le zéro artificialisation nette des sols et la fin du prêt à taux zéro pour les maisons neuves. Pourtant, huit Français sur dix rêvent toujours de posséder leur propre pavillon…
Les maisons neuves exclues du PTZ
La maison individuelle est-elle l’objet d’une chasse aux sorcières ? Ça y ressemble. Déjà en 2021, l’ancienne ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon affichait clairement sa position. Pour elle, la maison neuve était “un non sens écologique, économique et social”. Son successeur au gouvernement, Patrice Vergriete, a pris le relais.
Comment ? Avec deux outils imparables. En premier, le zéro artificialisation nette (ZAN de son petit nom), qui interdit de bétonner des terres qui ne le sont pas déjà. L’artificialisation des sols doit être réduite par deux d’ici 2030. Résultat ? Entre janvier et septembre 2023, le nombre de permis de construire a chuté de 31,3% et les mises en chantier de 25,1%.
En second, le nouveau prêt à taux zéro (PTZ) qui exclut tout bonnement les maisons neuves à compter de janvier prochain. Quand on sait que jusqu’à présent, 50% des PTZ étaient accordés pour la construction de maisons individuelles, on comprend rapidement l’ampleur du préjudice.
Moins de 70 000 maisons construites en 2023
Ajoutez à cela des taux d’intérêt qui se sont envolés depuis deux ans et une flambée des coûts de construction depuis la guerre en Ukraine en février 2022… et c’est tout un marché qui s’effondre. “La guerre a provoqué une crise énergétique et une très forte hausse du prix des matériaux. Les Français veulent toujours un grand logement, des espaces extérieurs, donc une maison. Mais le prix de revient a énormément augmenté, de plus de 20 % en un an”, calcule Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC).
Là aussi, les chiffres sont éloquents. Entre 2007 et 2022, 122 065 maisons étaient construites en moyenne chaque année en France. En 2023, leur nombre est tombé à 66 800. Soit une chute vertigineuse de 45,3%. “On arrive à des niveaux de production des années 1990, indique Grégory Monod, président du pôle habitat à la Fédération française du bâtiment (FFB). Et parti comme c’est, ce sera 50 000 en 2024.”
Construire sur des terrains plus petits
“C’est tout de même assez incompréhensible que le gouvernement fasse tout pour compliquer le rêve de huit Français sur dix", ajoute Grégory Monod.
Selon un sondage mené en janvier dernier par la FFC et l’Institut IFOP, 80% des Français rêvent en effet de pavillon Parmi les avantages cités par les sondés, on trouve la présence d’un jardin(et) bien sûr (28 %), la liberté (22 %) et la tranquillité (21 %). Des arguments qui ne font pas le poids face aux exigences environnementales. “Arrêtons d’opposer les types d’habitat”, appelle Grégory Monod, rappelant que les maisons neuves répondent à de strictes normes environnementales.
De son côté, la FFC propose d’instaurer une surface maximale de terrain au-delà de laquelle un malus d’artificialisation serait appliqué. Une initiative qui conviendrait à plus de sept Français sur dix, qui se disent prêts à faire des concessions sur la surface du terrain pour réduire l’impact sur l’environnement et la biodiversité. À condition d'avoir leur maison individuelle...
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