Bail emphytéotique : définition, droits et avantages

Blandine Rochelle
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Peu connu du grand public, le bail emphytéotique intrigue autant qu’il séduit par sa singularité. Ce contrat, qui peut durer jusqu’à 99 ans, confère au locataire des droits proches de ceux d’un propriétaire, tout en permettant au bailleur de valoriser son bien sans engager de dépenses. Longtemps réservé aux collectivités ou aux projets d’envergure, il peut en réalité attirer toutes sortes d’investisseurs. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Quels sont les droits attachés à ce type de bail et quels avantages en tirer ?

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Le bail emphytéotique s’applique à des secteurs variés comme les immeubles industriels, commerciaux, agricoles voire résidentiels.. © buzbuzzer - Getty images
Le bail emphytéotique s’applique à des secteurs variés, comme les immeubles industriels, commerciaux, agricoles, voire résidentiels. ©GettyImages
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Bail emphytéotique : une définition singulière

À la différence d’un bail classique, le bail emphytéotique ne se limite pas à une simple mise à disposition d’un bâtiment ou d’un terrain. C’est un contrat de très longue durée – entre 18 et 99 ans – qui confère au preneur, appelé « emphytéote », un droit réel immobilier. Autrement dit, il se rapproche du statut de propriétaire pendant toute la durée du contrat.

Encadré par les articles L. 451-1 et suivants du Code rural, le bail emphytéotique doit être signé devant notaire et publié au bureau des hypothèques. Il ne peut pas être renouvelé tacitement : une fois arrivé à terme, il s’arrête, sauf si un nouveau contrat est rédigé.

Des droits proches de la propriété pour le preneur

Ce qui fait la force du bail emphytéotique, ce sont les droits étendus qu’il confère au locataire. Pendant la durée du bail, l’emphytéote peut :

  • utiliser le bien, comme s’il en était propriétaire,
  • réaliser des constructions, rénovations ou aménagements, comme il le souhaite,
  • céder ou hypothéquer son droit,
  • sous-louer le(s) bâtiment(s) qu’il a fait édifier et en percevoir les revenus.

En revanche, il a l’obligation de valoriser le bien, il ne peut en aucun cas le détériorer. Le bailleur, de son côté, conserve la nue-propriété et récupère le terrain ainsi que toutes les améliorations effectuées à la fin du contrat, sans indemniser le locataire.

Les atouts du bail emphytéotique pour le bailleur

Pour un propriétaire, le bail emphytéotique peut représenter une véritable opportunité. Le bailleur perçoit un revenu régulier, appelé « canon », et voit surtout son bien prendre de la valeur grâce aux investissements réalisés par l’emphytéote, à savoir le preneur.

Autre avantage : il n’a pas à se soucier de l’entretien, des travaux ou des charges, qui sont intégralement assumés par le locataire. C’est donc un moyen efficace de conserver un patrimoine tout en le valorisant, et sans mettre la main à la poche.

Le bail emphytéotique s’applique à des secteurs variés, comme les immeubles industriels, commerciaux, agricoles, voire résidentiels.

Pourquoi opter pour un bail emphytéotique quand on est locataire ?

Du côté du preneur, le bail emphytéotique offre une stabilité rarement égalée. Pouvoir disposer d’un bien pendant plusieurs décennies ouvre la voie à des projets ambitieux, comme rénover un bâtiment ancien ou développer une activité économique.

Le loyer est généralement modique, ce qui permet de concentrer ses investissements sur les travaux. De plus, l’emphytéote peut céder son droit, le transmettre ou sous-louer le bâtiment ou le terrain, ce qui en fait un outil patrimonial intéressant. Enfin, c’est souvent l’un des seuls moyens d’accéder à certains emplacements stratégiques, par exemple dans le cadre de terrains appartenant à des collectivités.

Les limites du bail emphytéotique à connaître

Le bail emphytéotique n’est pas exempt de contraintes. Pour le bailleur, il implique une perte de jouissance sur son bien pendant une très longue période. Il ne peut pas récupérer son bien avant l’échéance, sauf en cas de manquement grave de la part du locataire.

Pour l’emphytéote, le principal risque réside dans l’absence de renouvellement. À l’expiration du contrat, toutes les constructions et améliorations reviennent au propriétaire, sans compensation. Les investissements consentis peuvent donc se révéler coûteux, si le projet n’a pas été suffisamment anticipé ou si le bail ne peut être poursuivi.

Bail emphytéotique : un cadre juridique strict

Enfin, il est important de rappeler que le bail emphytéotique est un contrat très encadré : il doit obligatoirement être signé devant notaire, publié, et respecter les dispositions légales. Ses clauses ne peuvent pas restreindre les droits de cession, d’hypothèque ou de sous-location de l’emphytéote, sous peine d’être requalifié en bail classique.

On distingue par ailleurs le bail emphytéotique de droit privé, conclu entre particuliers ou entreprises, du bail emphytéotique administratif (BEA), utilisé par les collectivités locales pour déléguer la gestion de terrains ou d’infrastructures à des acteurs privés. Ce dernier est fréquemment employé pour des projets d’intérêt général, comme la construction d’équipements publics ou religieux.

Le calcul du loyer d’un bail emphytéotique repose sur plusieurs critères, comme la valeur du terrain, sa localisation et les conditions du marché. Certains loyers sont fixes et d’autres sont révisés périodiquement, souvent sur la base de l’indice de l’inflation.

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