En France, la loi Le Meur (loi anti-Airbnb) marque un tournant pour les locations de courte durée. Baisse de l’abattement fiscal, DPE obligatoire, compétences élargies des maires : les propriétaires doivent prendre en compte ces nouvelles règles. Qu’en est-il dans les grandes villes européennes ? Quid du durcissement des réglementations Airbnb, destinées à éviter l’assèchement de l’offre locative dans ces métropoles victimes du surtourisme ?

Amsterdam : pas plus de 30 jours de location par an !
À Amsterdam, la régulation en matière de location saisonnière est particulièrement stricte. Depuis 2019, pour louer un logement (ou une péniche) en Airbnb, ou même pour échanger une maison via HomeExchange, c’est 30 jours maximum, et pas un de plus ! Le nombre de convives ne doit pas excéder 4 personnes, sauf pour les familles. Enfin, les autorités locales demandent aux propriétaires de s’enregistrer sur une plateforme pour obtenir un permis ainsi qu’un numéro d’enregistrement leur donnant l’autorisation de louer.
Avec ses 20 millions de touristes annuels, la Venise du Nord fait face à une importante crise du logement. Il manquerait environ 400 000 logements sur tout le territoire, et à Amsterdam, « on estime que 3 000 personnes ayant un emploi en bonne et due forme n’arrivent pas à se loger », selon Euronews. Cet état de fait n’épargne pas les étudiants, qui ont beaucoup de mal à trouver un toit adapté à leurs moyens financiers. Les résidences étudiantes sont saturées. « En 2023, 43 % des étudiants locataires ont pris trois à six mois en 2023 pour trouver un toit », selon l’organisation The Class Foundation.
Le saviez-vous ?
« Le nombre de meublés de tourisme a explosé entre 2014 et 2018, passant de 7 000 à 30 000 annonces », selon les informations de l’Eurofound. Depuis les mesures prises par le gouvernement, on compte environ 5 000 logements dans la capitale néerlandaise.
La ville de Barcelone veut interdire les locations Airbnb d’ici à 2029
Il faut bien le reconnaître, la capitale catalane a de nombreux atouts, qui attirent chaque année environ 26 millions de touristes sur ses côtes ensoleillées. Toutefois, son succès est aussi à l'origine du revers de la médaille. Depuis quelques années, la ville de Barcelone est littéralement submergée par les touristes et la pénurie de logements sévit gravement pour les résidents à l’année.
C’est que les propriétaires catalans ont flairé le bon plan : ils proposent pas moins de 10 000 meublés de tourisme sur les sites de type Airbnb. Les autorités catalanes accusent le coup et tentent de réguler le marché de la location classique, comme le maire socialiste, Jaume Collboni, qui souhaite mettre en place l’interdiction des licences touristiques dans les 5 ans à venir. L’une des mesures les plus strictes d’Europe ! En même temps, à Barcelone, les loyers ont fait un bond de 68 % en dix ans. « Le loyer moyen d’un appartement est ainsi passé de 702 euros à 1 193 euros, en 2024 », selon les autorités catalanes.
Bien sûr, la mesure est loin d’être suffisante pour permettre au plus grand nombre de pouvoir se loger correctement. Plusieurs projets sont déjà en route pour tenter de remettre du logement entre les mains des locataires longue durée de la région, dont la réhabilitation de bureaux abandonnés ou encore la mise en location des 75 000 logements vacants, l’autre chantier politique de la ville.
À Londres, les propriétaires peuvent proposer 90 nuitées par an
« Le Royaume-Uni est passé de 83 000 annonces Airbnb en 2016 à près de 340 000 annonces en 2023 », selon le Times. En 2023, selon Finder statistics, la ville de Londres comptait 91 778 annonces sur le site de locations saisonnières. Airbnb s’est donc bien implanté outre-Manche.
Les propriétaires anglais peuvent louer leur bien immobilier, avec une limite de 90 nuitées par an pour les logements entiers. Il n’y a pas de limites pour les chambres chez l’occupant. Cette règle est appliquée depuis 2017 dans la capitale anglaise. Attention ! Le montant des amendes pour non-respect des règles est le plus souvent élevé et peut monter jusqu’à 20 000 £.
Berlin lâche du lest…
La ville de Berlin n’échappe pas à une grave crise du logement, comme ses homologues européens. De plus, la capitale berlinoise est en proie à une forte spéculation immobilière depuis quelques années. Rien qu’en 2023, les loyers médians auraient augmenté de 21,2 % ! De facto, les locations saisonnières, très nombreuses dans la ville, sont dans le viseur du gouvernement.
Depuis 2016, pour louer via une plateforme comme Airbnb, les propriétaires doivent se déclarer à la mairie de Berlin. À cette époque, il n’était pas possible de proposer à la location un logement entier. De plus, un système de délation avait été mis en place pour dénoncer son voisin hors-la-loi. Des procédures largement critiquées par les Berlinois, ce qui a finalement conduit à un rétropédalage des autorités en 2018. Désormais, il est possible de louer un logement entier et les résidences secondaires peuvent accueillir des touristes jusqu’à 90 jours dans l’année. Néanmoins, le numéro d’enregistrement obtenu en mairie reste nécessaire et l’amende pour non-respect peut atteindre 100 000 euros, ont fait savoir les autorités compétentes.
Le saviez-vous ?
À Munich et Stuttgart, les séjours Airbnb sont limités à 60 et 70 jours de location par an, respectivement.
Globalement, les capitales européennes durcissent le ton vis-à-vis des meublés de tourisme, car la crise du logement sévit un peu partout sur le continent. On peut toutefois noter un manque d’harmonisation des règles, au moins entre les pays de l’Union européenne. Dans le même temps, Airbnb prépare déjà la contre-attaque et pense à de nouvelles stratégies incluant la location longue durée…
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