D’ Athènes à Rio : que reste-t-il des JO dans les villes hôtes ?

Emmanuelle Lopez
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La France a bien enregistré la leçon : les constructions créées à l'occasion des Jeux Olympiques 2024 tiennent compte des impératifs écologiques et devront perdurer. Aussi, si le village olympique de Saint-Denis doit dans un premier temps accueillir les athlètes cet été, il aura ensuite une seconde vie. Mais que sont devenues les réalisations entreprises à l'occasion des JO d'été dans les pays organisateurs au cours de ces 20 dernières années ?

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Stade olympique Pékin
17 000 ouvriers et 45 000 tonnes d’acier ont été nécessaires pour faire de ce Nid un monument. L'œuvre a été imaginée par l'architecte Stefan Marbach de l'agence Herzog et de Meuron et le Chinois Li Xinggang. ©Getty Images
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Première escale à Athènes, en 2004

La capitale grecque avait entrepris bon nombre d’améliorations en vue des JO de 2004, à commencer par l’ouverture de l’aéroport international Eleftherios Venizelos. Depuis, il accueille environ 18,1 millions de passagers chaque année. La ville a également modernisé ses routes – près de 90 km de nouvelles routes ont été construites – et revu son réseau de transports urbain et souterrain. D'ailleurs, celui des trains reliant l’aéroport et les villes de banlieue à la capitale fait autant le bonheur des Athéniens que des visiteurs. Un lifting a également été accordé aux zones de bord de mer et le résultat est aujourd'hui positif. Un tel embellissement ne pouvait en effet que favoriser le tourisme.

Qu'en est-il des sites des jeux ? Le stade olympique de la ville, construit en 1979, avait retrouvé sa superbe sous la supervision de l'architecte Santiago Calatrava, qui lui avait ajouté un toit. 19 ans plus tard, c'est une catastrophe ! Une étude technique pointe des faiblesses de certains éléments de ce dernier et oblige le stade ainsi que le vélodrome adjacent à fermer leurs portes en septembre 2023. Entre 2000 et 2004, d'autres infrastructures ont vu le jour, mais beaucoup sont tombées en ruines, faute d'entretien. « Ce n’est un secret pour personne que la Grèce a dépensé beaucoup d’argent [8,5 milliards d’euros, selon le ministère grec des Finances ] pour construire des installations ultramodernes. Mais après la construction, il n’y avait plus de budget » pour assurer la valorisation et l’entretien des infrastructures, déclarait le président du Comité olympique, Spyros Capralos, dans un entretien à l’AFP.

À Elliniko, « des installations sportives ont été démolies pour faire place à un projet résidentiel, un casino et un parc », apprend-on dans un article publié par le site La Presse

Malgré cela, d'autres lieux ont fort heureusement connu une reconversion, à l’instar du Centre olympique de tir de Markopoulo, devenu un site d’entraînement de la police. Le gymnase olympique de Goudi s’est transformé en théâtre. Le Centre international de diffusion et le Centre principal de presse sont quant à eux devenus respectivement une galerie commerciale et le siège du ministère de la Santé.

2008, filons à Pékin

Pour l’occasion, la Chine a mis les petits plats dans les grands, sans vraiment se soucier du lendemain... Sur 37 sites de compétition, 12 ont été créés de toutes pièces, 11 ont été rénovés, 8 n’avaient pas vocation à rester. D'autres villes ont accueilli des épreuves, comme Hong Kong pour l'équitation. Et la somme allouée à ces jeux ? Pas moins de 44 milliards de dollars

Parmi les constructions les plus remarquables, citons le Nid d'oiseau. Il s’agit du stade principal, situé dans la zone centrale du parc olympique de Pékin. Il représente tout un symbole, puisque les Chinois voient leur pays comme un oiseau magnifique. Ce bâtiment représentait pour eux le nid depuis lequel la Chine s'envolerait sous les yeux du monde. Il pouvait « recevoir » 91 000 spectateurs. Après les Jeux, son enceinte a été réduite pour passer à 80 000 places. Sa reconversion était toute trouvée : accueillir différents événements..., mais ils ne sont pas si nombreux. En revanche, ce qui était moins prévisible, c’est que ce lieu deviendrait une attraction pour les touristes. Ils n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour le découvrir et capturer quelques photos souvenirs. En 2015, les championnats du monde d’athlétisme y ont été organisés. Pour l'occasion, le stade s'est refait une beauté. Et en février 2022, le coup d'envoi des JO d'hiver y a été donné. Le fait qu'un même lieu ait célébré à la fois les JO/Jeux paralympiques d'été et d'hiver est suffisamment rare pour être souligné. Puis, il y a le Water Cube et la piscine de Yingdong. Désormais, ce sont les résidents qui en profitent. L’entrée est affichée à 50 yuans pour deux heures.

En revanche, le sort connu par d’autres sites n’est pas aussi glorieux : le bassin d’eau vive dédié au canoë fait grise mine, même chose pour le site de beach volley, où la nature semble avoir repris ses droits... 

Cap sur Londres, en 2012

C'est à partir de ce moment que l'écologie a commencé à s'imposer dans l'aménagement des structures nécessaires aux Jeux. Devenir hôte des Jeux Olympiques de 2012 a poussé la ville à développer et mieux équiper certains quartiers. Celui de Stratford en a bien profité, peut-être même trop... Le pourtour du Parc olympique Queen Elizabeth est passé de l’état de zone industrielle à un quartier à part entière. Un quartier plutôt huppé même, si bien que la population locale a dû s'éloigner pour se loger, explique un article du Figaro immobilier

Direction Rio, en 2016

Grâce aux Jeux, Porto Maravilha a bénéficié d’un programme de rénovation 4 étoiles. Pour ce qui est des travaux, la cité s’est inspirée du port olympique de Barcelone. Le centre historique et portuaire a été réaménagé sur 5 millions de m² pour la coquette somme de 2,4 milliards d’euros. Des routes et des lignes de métro et de bus ont ainsi pu voir le jour. La ville a confié à l’architecte espagnol Santiago Calatrava, qui a notamment signé la Cité des arts et des sciences de Valence, la réalisation du Museu do Amanhã ou « Musée de demain ». « L’opération reste cependant entachée par des affaires de corruption et par le reproche que les logements qui ont été créés pour l’occasion n’ont pas bénéficié à la population qui en avait le plus besoin », souligne le Figaro immobilier.

Terminus, Tokyo pour les Jeux décalés de 2021

Crise sanitaire oblige, les JO de 2020 se déroulé en 2021. Tokyo a profité d'une année supplémentaire pour se développer, tout en maintenant l'équilibre parfait entre tradition et modernité. De nombreux espaces ont été rénovés : sur les 43 sites de compétition, 5 avaient déjà été utilisés pour les JO de 1964. 8 ont été construits spécialement pour les Jeux. Ces travaux ont été réalisés avec en ligne de mire des objectifs de durabilité et d'accessibilité. Ces ouvrages intègrent, entre autres, des énergies renouvelables et des aménagements qui facilitent les déplacements des personnes à mobilité réduite. Ils disposaient par ailleurs d'un plan d'utilisation post-JO bénéfique aux locaux. 

Le stade olympique, devenu national, fait figure de chef-d'œuvre. L’architecte nippon Kengo Kuma l'a imaginé à partir d'un matériau qu'il affectionne particulièrement, le bois, mais du bois récupéré à proximité. D'autres projets ont également abouti, comme l'ouverture d’une nouvelle station de la ligne Yamanote et la construction de nombreuses tours résidentielles et de bureaux. Par crainte de ne pouvoir loger tous ses visiteurs, 80 000 chambres ont été créées pour les Jeux dans les 9 plus grandes villes du Japon, dont 30 000 à Tokyo. « Construit sur un terrain restauré dans le quartier Harumi de Tokyo, le village olympique est un modèle d'approche durable de l'aménagement urbain. Il intègre la notion de diversité sociale et tient compte de considérations environnementales, notamment grâce à l'introduction d'un système de production d'électricité à partir d'hydrogène » détaille dans un article le Comité International Olympique.

Le village olympique Paris 2024 en chiffres

Le village olympique de Paris 2024, c'est : 52 hectares, soit l'équivalent de 70 terrains de football, 6 hectares d’espaces verts, dont un parc public en cœur de quartier. Il accueillera :  14 500 athlètes et leur staff pendant les Jeux Olympiques,  9 000 athlètes et leur staff pendant les Jeux Paralympiques.

Après les Jeux, le site se transformera en lieu de vie pour 6000 habitants bénéficiaires, avec plus de 2800 nouveaux logements, dont 2000 logements familiaux et 800 logements en résidence, 120 000 m² d’activités, bureaux et services, pouvant recevoir 6000 salariés, 3200 m² de commerces de proximité, 1 résidence étudiante, 1 hôtel, 2 nouveaux groupes scolaires.

Le village olympique incarne l'objectif de faire de Paris 2024 un projet environnemental innovant, contribuant à protéger et développer la biodiversité, et maîtrisant le budget carbone, mais aussi un projet adapté au climat de 2050 et accessible à tous. 

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