Immobilier : qui sont les professionnels victimes de la crise ?

Karin Scherhag
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Depuis le début de l’année, 657 agences immobilières ont mis la clé sous la porte. Principalement des petites entreprises, créées post-pandémie. Près de 10 000 agents indépendants ont aussi cessé leur activité. C’est le cas d’Henri V., jeune père de famille charentais, qui a accepté de nous raconter son histoire.

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Qui sont les professionnels victimes de la crise immobilière
Les agents immobiliers indépendants sont les plus impactés par la crise de l'immobilier.
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“Mon métier d'agent immobilier ne me permettait plus de vivre”

Il y a encore trois mois, Henri V. était agent immobilier indépendant en Charente. Et parvenait, les meilleurs mois, à engranger des salaires mensuels d’environ 4 000 €. 

Comme beaucoup de confrères, le jeune père de famille avait lancé son activité en 2019, en pleine euphorie immobilière. “Les mandats rentraient alors facilement… et sortaient en quelques jours. Je bossais, beaucoup, mais je prenais plaisir à faire ce métier et j’étais récompensé de mes efforts”, raconte Henri. 

Mais entre hausse des taux de crédit, inflation et délais de vente qui s’étirent, le marché a pris un virage. “Avant de jeter l’éponge, je consacrais tout mon temps à mon activité. Les soirs, les week-ends, je sautais sur le moindre texto, le moindre mail. Mais même en travaillant comme un fou, je n’y arrivais plus. Mon activité ne me permettait plus de vivre décemment.

Le Charentais a donc choisi de revenir à son job initial, dans l’informatique. Et travaille désormais comme salarié dans un bureau. Plus de rendez-vous clients. Plus de charges à payer. Et un salaire régulier. “Cette parenthèse de ma vie n’a pas été facile à fermer, avoue-t-il avec émotion. Mais ça a été salvateur. Pour moi. Et surtout pour ma famille.

Les petites agences représentent 80% des défaillances

Henri est loin d’être un cas isolé. Selon les dernières estimations des professionnels du secteur, le nombre de transactions immobilières ne dépasserait pas les 930 000 cette année. Soit un repli de -17 % des ventes comparé à 2022. La Fédération nationale des agents immobiliers (Fnaim) parle de “la plus forte baisse annuelle jamais enregistrée depuis 1945.

Cette chute du volume impacte, en premier lieu, les agents immobiliers : entre l’été 2022 et l’été 2023, ils ont vu leurs ventes reculer de -40 %. Dans le même temps, le nombre de professionnels obligés de mettre la clé sous la porte a explosé. En un an, le nombre de défaillances a presque doublé. Les statistiques les plus récentes font désormais état de 657 agences ayant fermé cette année, dont 498 ont été placées sous liquidation judiciaire.

Qui sont les plus touchées ? Sans surprise, les petites agences. Celles qui comptent moins de trois salariés représentent en effet plus de 80 % des entreprises défaillantes. Des entreprises très jeunes, aussi puisque la plupart d’entre elles ont été créées après la pandémie de Covid-19. Quand le marché était au plus haut et que le volume de transactions atteignait un niveau historique (1,2 million en 2021).

À ces faillites viennent s’ajouter une autre statistique, guère plus réjouissante : depuis le début de l’année 2023, près de 10 000 agents commerciaux indépendants ont cessé leur activité.

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Baisser les prix pour sortir de la crise ?

À la tête d’une micro-agence paloise, Jean-Claude tente encore de sauver les meubles en réduisant quelques charges et frais fixes. Et en rognant notamment sur sa consommation électrique. “Certains parlent d’économie de bout de chandelle mais si ça peut me permettre de tenir encore un peu… J'assisterai peut-être à la fin de cette crise. Qui sait ?

Pour les professionnels, la solution passe par les vendeurs. “Le marché a changé et c’est dur à accepter, on est d’accord. Mais ainsi va l’immobilier. Et c’est à nous de faire de la pédagogie. À nous de leur faire comprendre que pour vendre, ils doivent revoir leurs prétentions à la baisse”, poursuit Jean-Claude.

Mission pas si simple. Car selon le dernier baromètre trimestriel des agents indépendants, un vendeur sur deux refuse encore de baisser le prix de son bien.

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