Les bonnes nouvelles s’enchaînent sur le marché du crédit, malgré la valse des gouvernements et l’instabilité politique du pays. Pour l’heure, les professionnels prévoient la continuation de la baisse des taux qui devraient atteindre 3 % d’ici quelques semaines. Toutefois, certains scénarios plus pessimistes brandissent la menace d’une remontée en 2025. Décryptage…
Un taux moyen à 3,37 % en novembre 2024 !
Depuis le mois de janvier, les taux d’intérêt continuent de fléchir, pour s’établir en novembre à 3,37 % (taux moyen, constaté par l’Observatoire du Crédit Logement/CSA). En octobre, les porteurs de projet contractaient à 3,46 %. Les taux d’intérêt continuent donc leur inflexion, pour la plus grande satisfaction des emprunteurs qui reviennent peu à peu sur le marché.
Pour rappel, il y a un an, en décembre 2023, les taux avoisinaient 4,20 % en moyenne, soit 0,83 point de plus qu’aujourd’hui !
Le taux d’intérêt moyen en novembre 2024, selon la durée d’emprunt (Observatoire du Crédit Logement/CSA), est de :
- 3,26 % sur 15 ans,
- 3,30 % sur 20 ans,
- 3,38 % sur 25 ans.
La détente sur le marché du crédit est bien réelle et les banques font des efforts pour attirer de nouveaux les emprunteurs. « Après une pause estivale habituelle, les taux sont bien repartis à la baisse depuis la rentrée, témoignant de la volonté des banques de répondre à l’amélioration des intentions d’achats de logements », selon l'Observatoire Crédit Logement/CSA.
Du côté des courtiers, cette volonté des banques de se repositionner sur le marché s’observe également. Chez CAFPI, les meilleurs profils d’acquéreurs se sont vu proposer en décembre 2024 des taux pouvant aller jusqu’à :
- 2,93 % sur 10 ans,
- 3 % sur 15 ans,
- 3,10 % sur 20 ans,
- 3,25 % sur 25 ans.
La baisse des taux devrait se poursuivre en 2025
Nombreux sont les professionnels tablant sur la poursuite du mouvement baissier en 2025. L’inflation étant maîtrisée (2 % en octobre 2024 en zone euro), la BCE (Banque centrale européenne) devrait donc continuer à réduire ses principaux taux directeurs. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait très récemment, le 12 décembre dernier, en les abaissant d’un quart de point (25 points de base).
C’est la quatrième fois que la BCE réduit ses taux en 2024 ! « Les taux d’intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront ramenés à respectivement 3,00 %, 3,15 % et 3,40 % à compter du 18 décembre 2024 », a fait savoir l’institution dans un communiqué.
L’actuelle ligne de conduite de la BCE, ainsi que le maintien de l’inflation à un bas niveau, poussent de nombreux observateurs à anticiper de nouvelles baisses de taux pour les mois à venir. Les banques devraient continuer à être attractives pour atteindre leurs objectifs et reconstituer leurs marges commerciales.
Les projections sont optimistes puisque certains évoquent un taux à 3 % sur 20 ans, très bientôt. « Nous allons tomber autour de 3,2 % dans les prochaines semaines, nous verrons ensuite dans le courant du premier trimestre 2025 si cela peut descendre à 3 % en moyenne », prévoit Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.
Un scénario pessimiste relativise la baisse des taux en 2025
Si les banques risquent fort de répercuter la dernière baisse des taux directeurs sur les taux aux particuliers dans le courant du premier trimestre 2025, la suite des événements est toutefois, plus incertaine. Le hic ? La France est lourdement endettée et l’incertitude politique actuelle ne permet pas de savoir dans quel sens ira le pays très prochainement.
La remontée des taux est donc un scénario à envisager car les marchés financiers n’aiment pas être dans l’expectative, ni les investisseurs institutionnels qui sont sensibles à la gestion des finances publiques du pays.
Pour le moment, la situation de la France n’est pas au beau fixe. Le « spread OAT-Bund », qui mesure l’écart entre les taux à 10 ans de la France et de l’Allemagne sur le marché obligataire, se creuse. Plus inquiétant, désormais le taux de la dette française est plus important que celui de l’Espagne à 10 ans ! Selon Olivier Lendrevie, fondateur de MoneySmart : « Sur le long terme, ça peut rejaillir sur le marché de crédit aux particuliers. »
Il faudra aussi regarder du côté des États-Unis. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, on ne peut pas présager des prochains agissements de la Fed (Réserve fédérale des États-Unis). De nombreux paramètres qui peuvent créer un déséquilibre malgré les autres bonnes nouvelles…
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