Le nombre de permis de construire au plus bas depuis 2000

Christelle Privat
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La crise du logement ne trouvera visiblement pas de réponse satisfaisante du côté de la construction neuve. Les ventes dégringolent, et les mises en chantier sont de moins en moins nombreuses. D’ailleurs, le nombre de permis de construire délivrés en 2023 s’est effondré de -23,4 %. Un déficit qui risque de se répercuter sur le secteur du logement durant des années…

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Résidence immobilière
En 2023, 113 000 logements ont été construits en moins par rapport à 2022 ! ©Getty Images
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Un plongeon de -23,4 % en un an !

Depuis quelques mois, les professionnels de la construction neuve alertent sur les difficultés de la profession. Le secteur est l’un des plus touchés depuis le retournement du marché. Un nouveau chiffre vient confirmer le bilan puisque, selon le ministère de la Transition écologique, le nombre de permis de construire autorisés sur 12 mois en janvier 2024 a chuté de -23,4 % ! « De février 2023 à janvier 2024, 369.300 logements ont été autorisés à la construction, soit 113.000 de moins que lors des douze mois précédents (-23,4 %) et 19,9 % de moins qu'au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (de mars 2019 à février 2020). Il s'agit du plus faible total depuis le début de la série, en 2000 », a précisé le ministère. Le ralentissement des autorisations concerne tous les types de logements : « L'individuel pur (-33,1 %), l'individuel groupé comprenant les lotissements (-15,5 %), et le collectif (-21,1 %) ».

Le saviez-vous ?

En France, le besoin de logements se situe aux alentours de 400 000 logements par an, selon plusieurs études. Son augmentation est liée à plusieurs facteurs, comme le vieillissement de la population ou encore le resserrement des ménages, avec la hausse du nombre de familles monoparentales.

Plusieurs facteurs sont en cause

Des facteurs multiples se conjuguent et expliquent le nombre de permis de construire au plus bas ainsi que les difficultés rencontrées par le secteur de la promotion immobilière.

  • L’envolée des prix des matériaux de construction : la hausse du coût des matières premières a débuté pendant la pandémie de Covid-19, et s’est accentuée avec la crise énergétique et la guerre en Ukraine. Les nouvelles normes écologiques (RE2020, loi Climat...) ont aussi contribué à la hausse du prix de certains matériaux, comme le bois de construction.
  • L’augmentation du prix du foncier : les sols constructibles se raréfient, et la ZAN (zéro artificialisation nette) accentue les difficultés à trouver des terrains à bâtir.
  • L’effondrement de la demande dû à la hausse des taux de crédit et au resserrement des conditions d’emprunt, une situation qui a conduit à une perte de pouvoir d’achat immobilier pour les ménages français.
  • La désertion des investisseurs : l’investissement immobilier est au ralenti à cause des restrictions sur le crédit, des contraintes locatives (encadrement des loyers), de la fiscalité (avantage Pinel moins important), et de la rentabilité immobilière qui est moins au rendez-vous.

Des suppressions d’emplois annoncées

2024 marque tristement les premières annonces de licenciements des promoteurs et constructeurs immobiliers. Vinci immobilier, Bouygues, Nexity, ces mastodontes prévoient de couper dans leurs effectifs pour tenter de redresser la barre. Pour Nexity, le plan de restructuration comprend la suppression de 502 postes, correspondant principalement à des effectifs du département promotion-construction. « Nous avons confirmé à nos partenaires sociaux que le processus d'information-consultation préalable au déploiement d'un plan de sauvegarde de l'emploi sera engagé », a déclaré Jean-Claude Bassien, directeur général délégué du groupe.

Pour la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), ce sont près de 300 000 emplois qui sont menacés de disparaître entre 2024 et 2025, en France. « On s'attend d'ici 2025 à 300.000 pertes d'emplois, à peu près 150.000 dans le bâtiment et 150.000 dans tout ce qui gravite autour : bureaux d'études, promoteurs, assureurs, etc. », a précisé Pascal Boulanger, Président de la FPI.

Le saviez-vous ?

Au premier trimestre 2024, la mise en vente de logements neufs recule de 41 % par rapport au premier trimestre de l’année précédente. Pourtant, l’année 2023 était déjà un très mauvais cru en matière de ventes.

Le « choc d’offre » promis par le Premier ministre, Gabriel Attal, est très attendu pour remettre du logement en France. La promotion immobilière va plus loin et demande surtout un choc de la demande pour faire revenir les acquéreurs solvables et les investisseurs.

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