Si le marché immobilier ne prend pas toujours la mesure des événements à venir face au dérèglement climatique (en témoigne la hausse continue des prix du littoral français, malgré la montée des eaux), les banques, au contraire, ont déjà de sérieuses réflexions sur le sujet. D’ailleurs, le risque climatique pourrait très vite devenir un critère de refus d’octroi de crédit…
État des lieux de la situation
Sècheresse, cyclone, inondation, feux de forêt : la multiplication des catastrophes naturelles amplifiées par le dérèglement climatique s’observe déjà en France et les phénomènes risquent de s’accentuer.
Pour l’immobilier résidentiel, les risques de submersion marine et les inondations sont pris très au sérieux, dans les communes côtières. « En France, près d’1,4 million de personnes pourrait vivre sous la ligne de marée haute, à l’horizon 2050 », selon un rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Les incendies continueront de se multiplier, menaçant les habitations en bordure de forêt. Le mouvement des sols argileux (retrait-gonflement des sols argileux) dû à l’alternance des périodes de sécheresse et des fortes périodes de pluie, aura pour effet une fragilisation du bâti.
Indubitablement, les biens immobiliers situés dans les zones à risques perdront de la valeur, à un moment donné. Une situation qui pousse les banques à se demander s’il est encore pertinent de prêter pour des projets immobiliers identifiés dans des zones classées à risque.
Le saviez-vous ?
En Floride, l’État prend déjà la mesure de la multiplication des aléas climatiques. Un phénomène de « gentrification climatique » s’opère. Les quartiers s’inversent : les plus aisés se déplacent lentement vers l’intérieur des terres, alors que les villas en bord de mer voient leur prix décroître considérablement.
Qu’est-ce que le risque climatique pour le secteur financier ?
Le dérèglement climatique représente un risque pour les banques et les établissements financiers. On peut le catégoriser de trois façons :
- le risque physique, lié aux événements météorologiques extrêmes. Ces catastrophes naturelles, parfois prévisibles, menacent directement les actifs immobiliers. L’emprunteur fragilisé, peut se retrouver dans l’incapacité de rembourser sa dette ;
- le risque de transition, lié aux changements réglementaires associés aux changements climatiques ;
- le risque de réputation (ou risque de responsabilité), lorsque la banque est considérée comme contributrice du réchauffement climatique, avec des bénéficiaires qui envisagent de se retourner contre elle.
Bon à savoir
Vous souhaitez connaître les risques climatiques d’un territoire donné ? Le site Géorisques vous informe sur les risques près de chez vous !
Les banques mesurent davantage le risque climatique !
En 2023, le chiffrage des sinistres pour cause de catastrophes naturelles en France s’est élevé à 6,5 milliards d’euros, selon la fédération France Assureurs. Cette réalité, les compagnies d’assurance l’ont bien intégrée et déjà dès le 1er janvier 2025, le taux de prime de la cotisation Catastrophe naturelle (Cat nat) va passer de 12 % à 20 % sur les contrats d’assurance de dommages aux biens d’habitation et professionnels.
Pour les banques, la dynamique va dans le même sens. La pratique du refus de crédit pour aléas climatiques se multiplie, notamment pour le financement des propriétés menacées par le recul du trait de côte. Le refus n’est pas toujours motivé, remarque-t-on chez Cafpi : « Aucun refus de prêt ne sera motivé par des critères climatiques mais la banque va prendre cette donnée en compte quand elle se demandera si le client a une épargne de précaution suffisante en cas de catastrophe. Elle va aussi s’intéresser à l’historique des sinistres sur le territoire. »
Selon Maël Bernier, porte-parole chez Meilleurs Taux : « Les banques s’aperçoivent qu’acheter un bien immobilier dans une zone couramment inondée devient dangereux et qu’elles ne retrouveront peut-être pas leur mise à la revente. Les banquiers locaux connaissent les risques des terrains sur lesquels ils vivent. Les banques restent avant tout prudentes et elles cherchent à se couvrir. »
Le saviez-vous ?
Les régulateurs comme la BCE (Banque centrale européenne) souhaitent accélérer les processus d’incorporation du risque climatique au sein des établissements financiers. C’est pourquoi, en juin dernier, la BCE a menacé d’infliger des pénalités aux banques retardataires (jusqu’à 5 % de leur revenu journalier).
Aujourd’hui, les banques adoptent diverses approches pour minimiser leur exposition aux pertes potentielles liées au dérèglement du climat. Dès lors, les emprunteurs peuvent faire face à un refus de crédit lorsqu’il s’agit de financer un bien situé en zone à risque. Toutefois, une bonne épargne de précaution pourrait rééquilibrer le dossier bancaire du porteur de projet attaché à un territoire donné…
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)