Dans les entités urbaines, le manque de place se fait sentir. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les centres-villes... et le phénomène va encore s’accentuer. La densification urbaine apparaît alors comme une solution plausible pour résoudre la crise du logement, tout en maintenant le cap vers la transition écologique. Mais alors, comment proposer une approche verticale, en réduisant au maximum cette impression d’écrasement et de promiscuité ? Comment mieux construire la ville sur la ville ?
Construire à la verticale : une solution plus écologique !
Toutes les études convergent sur le sujet : l’urbanisme a un impact significatif sur l’environnement, et l’étalement urbain encore davantage. Augmentation des émissions de gaz à effet de serre, érosion de la biodiversité et augmentation des risques d’inondation, car le sol imperméabilisé n’absorbe plus l’eau de pluie..., les conséquences sont nombreuses.
« Faire la ville sur la ville » semble être une solution plus vertueuse, dans la mesure où elle perturbe moins les écosystèmes naturels, raccourcit les distances entre les individus, et facilite l’accessibilité aux services. Selon Hélène Chartier, directrice de l'urbanisme et du design chez C40 Cities : « Bien sûr, aller construire dans les champs est beaucoup moins contraignant, mais c’est une catastrophe écologique. Le modèle urbain dense et mixte n’est pas parfait, mais il est la meilleure solution d’un point de vue écologique ».
Le saviez-vous ?
La loi Climat et résilience a fait de la lutte contre l’artificialisation des sols une priorité. L’objectif : zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon 2050 !
Prendre en compte le tissu urbain existant
Pour réussir le défi de la densification urbaine, il faut repenser l’intégration des ensembles verticaux dans l’environnement. La ville verticale doit être construite avec cohérence. Il n’est pas toujours nécessaire de faire des tours de plus en plus hautes dans toutes les agglomérations. Il faut trouver « une densité acceptable » et permettre un équilibre entre verticalité et horizontalité.
Aussi, il convient de réintégrer les bâtiments d’habitation à l’ensemble urbain pour permettre à chacun de se les approprier. Ils doivent pouvoir être utilisés par tous, et pas seulement par les personnes qui y vivent. Ils peuvent être reliés entre eux par des passerelles. Les rez-de-chaussée peuvent proposer des services utiles. Les toits-terrasses offrent quant à eux la possibilité de devenir des jardins partagés, des lieux culturels ou des espaces de divertissement (restaurants, bars, etc.). Il faut donner aux immeubles d’autres utilités que celle de seule habitation, promouvoir les usages mixtes.
Cultiver la nature en hauteur
Si l’idée de villes denses et compactes est souvent rejetée par les citoyens, c’est aussi parce que la bétonisation telle qu’on la connaît donne une impression de cités sans âme, coupées de toute nature, avec l’impossibilité de pouvoir se ressourcer. Certains urbanistes et architectes l’ont compris et proposent des bâtiments originaux, où la nature est omniprésente. C'est le cas de la tour Bosco Verticale à Milan, qui a reçu déjà en 2015 le prix du « gratte-ciel le plus beau et le plus innovant au monde » pour ses intégrations paysagères et de biodiversité dans le bâti. Murs végétaux, toits-terrasses végétalisés, potagers sur le toit, fermes urbaines verticales..., les possibilités sont nombreuses pour tendre vers une ville durable, voire autosuffisante.
La ville jardin de Singapour est un autre exemple incroyable de ville dense avec la nature réintégrée. Les deux architectes WOHA, Richard Hassell et Wong Mun Summ, conçoivent des projets où nature, densité et qualité de vie sont au rendez-vous. Dans le cadre de leur projet PARKROYAL COLLECTION Pickering à Singapour, ils ont réussi à faire pousser une surface végétale équivalant à 200 % de sa surface au sol. Pour le projet Hotel Oasia, c’est plus de 1 000 % ! L’immeuble ne fait plus qu’un avec la nature.
L’urbanisme circulaire : un concept français
Selon Sylvain Grisot, urbaniste français originaire de Nantes, l’urbanisme circulaire est une alternative à l’étalement urbain. Mutualiser les espaces et les usages. Avoir recours à la construction modulaire. Construire des bâtiments évolutifs. Les recycler. Transformer les bureaux en logements. Utiliser l’existant. « Il s’agit d’en finir avec la construction de bâtiments mono-usages, monofonctionnels. On ne compte plus les bâtiments vides, les bureaux qui ne servent à rien. On peut mutualiser les usages, recycler les espaces ». De nombreuses villes (Nantes, Angers, Québec, Madrid, etc.) s’intéressent de plus en plus à l’urbanisme circulaire pour « concevoir, organiser, reconstruire en permanence la ville sur elle-même ».
Récemment, le Premier ministre, Gabriel Attal, évoquait un choc de l’offre et encourageait notamment la construction verticale dans toutes les grandes villes de France. Un souhait louable, en espérant que les intelligences collectives soient toutes convoquées pour imager ensemble la ville française de demain.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)