On vous propose une petite escapade en Belgique pour vous faire découvrir une maison pas comme les autres. Ici à Rekkem, à la frontière française, un architecte et son épouse ont fait construire la première maison sous-serre du pays. Un concept chopé aux Pays-Bas et qui se veut être la construction la plus écolo du monde.
À Rekkem, la première maison-serre de Belgique
Impossible de la rater. Sous ce soleil de printemps, la maison de Koen et Samia émerge de la vaste plaine de Rekkem (Belgique) comme un vaisseau de verre. Imaginez plutôt : une maison cubique en bois blanc, aux lignes épurées, construite à l’intérieur… d’une gigantesque serre de 360 m2 au sol. À travers les grandes vitres de la serre, se dessine au loin le jardin extraordinaire du couple belge : légumes, salades, plantes aromatiques et fruits exotiques en tous genres invitent à la gourmandise. Le mûrier planté dès la construction - en janvier 2019 - se dresse, lui, comme un parasol naturel. Impossible de ne pas tomber immédiatement sous le charme du lieu.
Première du genre en Belgique, cette maison-serre trouve son inspiration plus au nord : deux autres maisons comme celle-ci existent en Suède et cinq ou six autres aux Pays-Bas. C’est d’ailleurs là-bas que Koen Vandewalle a découvert ce type de construction. Architecte, il a « toujours essayé de construire des bâtiments qui consommaient le moins d’énergie possible. En 2014, j’ai donc décidé de reprendre des études en construction bioécologique. » Et l’idée de construire sa propre maison sous serre, autonome et bioécologique, germe peu à peu. Naturellement.
Bioécologique pour réduire l’empreinte carbone
Mais lorsque Koen soumet son projet à sa compagne, celle-ci exprime d’emblée quelques réticences. « J’ai trouvé ça complètement fou ! », se souvient Samia. Elle finit par se laisser convaincre à la seule condition de garder un minimum de confort. « Nous sommes une famille recomposée et nous élevons cinq enfants. Nous avons donc besoin de beaucoup d’eau pour les douches, les lessives… S’il avait fallu compter, cela aurait été impossible. »
Dès la construction, tout est pensé pour réduire au maximum l’empreinte carbone de la maison. Tous les matériaux qui la composent sont donc biosourcés, aussi naturels et renouvelables que possible. « Les matériaux sont biodégradables, la peinture est biodégradable : tu peux les couper en petits morceaux et les jeter dans le jardin, ça fera du compost, sourit Koen. Si un jour cette maison devait être détruite, il n’y aurait aucune trace de son passage. » C’est ça, une maison bioécologique.
Si le couple a longtemps cherché des entrepreneurs qui partageaient les mêmes valeurs que lui, la construction en elle-même n’a pas nécessité plus de temps qu’une maison traditionnelle : en dix mois, le chantier était terminé.
Une température constante sans chauffage et sans clim’
La maison de Koen et Samia est autonome en gaz. On sort nos notes et on vous explique tout ça. Concrètement, un système ingénieux de batteries au sel permet d’emmagasiner toute l’énergie solaire captée par la serre, sur laquelle sont disposés 72 petits panneaux photovoltaïques. Cette énergie permet ainsi de chauffer toute la maison ! Pour s’en assurer, il suffit de comparer les températures extérieures et intérieures : 6°C dehors, 22°C dedans. Sans aucun chauffage. Le compte est bon.
Et les jours les plus chauds ? « Tout est automatisé, raconte Koen en entrant dans l’impressionnante salle des machines située au sous-sol. Dès que la température dépasse 25°C, le toit de la serre s’ouvre pour faire rentrer de l’air frais. » En cas de canicule, les trois puits canadiens du jardin prennent tout leur sens : ceux-ci servent à capter l’air froid en profondeur. Pas besoin de clim’ non plus donc.
La famille produit aussi 60% de son électricité et ne se connecte au réseau électrique qu’au cœur de l’hiver.
Le saviez-vous ?
Les batteries au sel sont les plus anciennes et les plus écologiques qui soient. Parole d’expert !
L’eau de pluie alimente toute la maison
La maison est aussi équipée de trois immenses cuves de 20 000 litres chacune qui permettent de récupérer et stocker l’eau de pluie. Cette eau est ensuite naturellement filtrée - et rendue potable - grâce à un système de roseaux et de pierre de lave. En plus d’être consommée, elle alimente donc les éviers, robinet, douches, machine à laver… et remplit les arrosoirs.
Écologie oblige : pas de baignoire dans la maison mais trois douches sous lesquelles on ne prend pas le temps de chanter des airs d’opéra. Un compteur limite la consommation d’eau à 3 litres par minute, contre 6 pour une douche classique. « Nos habitudes de vie ont changé, avoue Samia. On ferme le robinet quand on se lave les dents, par exemple. Et les portes, pour éviter les déperditions de chaleur. Mais aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre dans une maison traditionnelle. On vit en harmonie avec la nature et cela nous apporte une forme de bien-être qu’on ne trouve pas ailleurs. »
Malgré les 440 m2 habitables de la maison, la famille profite surtout de son jardin. Été comme hiver. « On prend nos petits-déjeuners en terrasse, on dîne dehors. C’est tellement agréable. Quand nos amis sont là, ils ne veulent plus repartir. »
Un budget de construction 30% plus élevé
Tout ceci vous a donné des idées ? Vient alors la question du budget. Et là, impossible de répondre. Car Koen refuse catégoriquement de parler argent. Sortez les calculatrices, on a quand même réussi à savoir qu’il fallait compter 30% de plus en moyenne que pour la construction d’une maison classique. « La technologie a un coût. Souvenez-vous des prix des premiers téléphones portables. Ils n’étaient pas à la portée de tous mais aujourd’hui, tout le monde en a un. J’espère donc qu’un jour, tout le monde vivra dans une maison comme la nôtre », glisse Koen.
Le couple pense rentabiliser son investissement en 18 ans. « Voire entre 12 et 15 ans si les tarifs de l’eau, du gaz et de l’électricité continuent à augmenter fortement. »
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