Les TPE-PME du bâtiment et d'autres métiers du secteur semblent moins souffrir de la crise immobilière que l'on connaît depuis quelques années. Pourquoi ? Parce qu'elles ont su comprendre et s'adapter à de nouvelles demandes. C'est en tout cas ce que laisse entendre une étude réalisée par le Cercle Perspectives, cercle des conseils d'entreprises, sur l'emploi dans le secteur de l'immobilier.
Le monde de l'immobilier toujours en crise
Depuis la crise sanitaire, l’univers de l’immobilier traverse une zone de turbulences, qui impacte l’ensemble de ses affaires. « Selon la Banque de France, le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté de 36,9 % en un an dans la construction et de 41,4 % dans les activités immobilières », annonce le Cercle Perspectives dans son communiqué.
Pourtant, les TPE et PME de l’immobilier et du bâtiment tiennent bon, si l’on se fie à leur étude réalisée en partenariat avec l’Init auprès de 11 090 TPE/PME.
Une crise toute relative
Si la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) déplore une crise « violente », Antoine de Riedmatten, porte-parole du Cercle Perspectives et directeur général du groupe In Extenso, nuance : « Il faut plutôt parler de crise molle pour les TPE-PME, car il n’y a pas eu de départs massifs, de bouleversements dans les effectifs. Quand les petites structures sont bien gérées, elles arrivent à pivoter rapidement et à faire évoluer leur modèle économique », rapporte Le Moniteur Immo.
Si elles ont supprimé des postes en 2023 (27 % d'entre elles ont licencié), les entreprises du bâtiment passées à la loupe ont en effet créé également des emplois pour 25 % et 48% des TPE-PME affichent une stabilité de leur effectif. En revanche, les mastodontes du domaine, comme Nexity, sont engagés dans des plans sociaux : en avril, Le Monde annonçait que le groupe immobilier français allait supprimer 500 postes.
Ces entreprises qui font preuve de résilience
D’après Antoine de Riedmatten ce sont « les plus petites structures, jusqu’à 5 salariés » qui sont parvenues à sortir leur épingle du jeu, et celles qui s’en tirent « le mieux sont celles qui ont su rapidement passer de la construction en décroissance au marché prometteur de la rénovation ». Faute de constructions neuves, 27 % des entreprises du secteur de la construction ont effectivement été amenées à tailler dans leur effectif. En revanche, 25 % d'entre elles ont permis à leurs salariés de rebondir grâce à une réorientation, notamment vers des activités plus engageantes comme la rénovation énergétique. Ainsi, sur 354 agences d’architecture, 55 % ont prouvé leur stabilité durant l'année écoulée.
Les notaires sur le banc de touche
Et c’est presque normal, puisque les transactions immobilières sont au point mort, plus particulièrement dans les zones les plus urbaines. L’activité des études notariales y a tellement chuté que 42 % d’entre elles ont dû se séparer de membres de leur équipe.
En revanche, Antoine de Riedmatten précise que, même dans les régions en difficulté, « les artisans ont toujours des carnets de commandes bien remplis, en particulier les métiers spécialisés et protégés de la crise, comme la plomberie et l’électricité, car les clients ne se sentent pas de réaliser les travaux eux-mêmes ».
Une crise immobilière plus ou moins prononcée selon les régions
Selon les régions où elles se situent, les entreprises ne sont pas impactées de la même façon. Le Grand Est prend la première position des régions les plus dynamiques, avec un taux d’employeurs créateurs d’emplois de 33 %. Il est suivi de près par la région Hauts-de-France : pour 31 % des entreprises, la création de postes y a été supérieure à la disparition d’emplois. Rappelons tout de même que dans ces régions, la France concentre ses efforts pour relancer son industrie. Enfin, la Bourgogne-Franche-Comté décroche la troisième place avec un taux de 27 %.
Verra-t-on le bout de cette crise immobilière ?
La dernière analyse d'Altares sur les défaillances et les sauvegardes d'entreprises au deuxième trimestre 2024 est assez pessimiste. Les signaux ne sont pas encourageants. Thierry Millon, directeur des études Altares, déclare : « la crise de l’immobilier pèse sur de nombreux acteurs, en particulier dans la construction. Le gros œuvre et le second œuvre concentrent ainsi à eux seuls une procédure sur cinq ». Le constat dressé par la FFB, la Fédération française du bâtiment, n'est pas plus confiant. Selon elle, 90 000 postes pourraient être supprimés cette année, puis 150 000 autres en 2025. Elle souhaite une politique à 5 ans « concertée et réfléchie ». Pour la FFB, « le monde du bâtiment rapporte tellement à l’État qu’une politique habile, loin de coûter aux finances publiques, serait un moyen de contribuer à leur rétablissement », indique le site batirama.com. Avec plusieurs autres fédérations professionnelles de la filière construction, elle a donc sollicité le gouvernement et le Parlement sur la crise du secteur afin qu'ils prennent conscience du poids du bâtiment dans l'activité économique française.
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