La piscine… Les Français l’adorent ! Le pays en recense environ 3,5 millions, ce qui le place parmi les plus grands adeptes de bassins privés, en Europe et dans le monde. Pourtant, en 2023, avec l’inflation et la perte de pouvoir d’achat des ménages, la demande de piscines individuelles a reculé de 16 % en un an. Serait-ce la fin du grand plongeon à la maison ?
En 2023, la demande de piscine privée plonge de -16 %
2020 et 2021 ont été des années fastes pour les constructeurs de piscines individuelles. Le Covid et ses confinements successifs ont largement encouragé les envies d’évasion des Français, tout en restant chez soi. Jardin, terrasses, pergolas, et piscines ont eu le vent en poupe. En 2020, la construction de nouveaux bassins a atteint +27,5 % par rapport à 2019 et en 2021 : +22 % par rapport à l’année 2020. Mais, en 2023, l’engouement s’est stoppé net, si on en croit les chiffres en baisse en termes de constructions de piscines : -16 % sur l’année ! Plusieurs raisons peuvent expliquer le phénomène :
- L’état de sècheresse qui s’est abattu sur la France en 2023,
- La baisse de pouvoir d’achat des ménages due à l’inflation.
Pénuries d’eau et baisse de pouvoir d’achat en cause
En 2023, les Français ont réfléchi à deux fois avant de concrétiser leur rêve de piscine individuelle. Il faut dire que cette année-là a été un triste record de chaleur avec des épisodes caniculaires et des nappes phréatiques en souffrance, dans plusieurs départements français, tout bonnement en pénurie d’eau. Le Var, l’Isère, les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Orientales, et d’autres, ont dû prendre des « arrêtés sécheresse », appelant à une meilleure gestion de l’eau et à plus de sobriété pour sa consommation. Les piscines étaient clairement dans le viseur des pouvoirs publics ! « Pardon, cette année, on a besoin de prioriser l'eau potable, des usages essentiels, d'abreuver les animaux, c'est quand même plus prioritaire que de remplir une piscine », rappelait le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, en mai 2023.
Le pouvoir d’achat des Français plombé par une inflation autour de 5% en 2023, explique aussi la baisse du nombre de mises en chantier de bassins bleus. Le coût des matériaux de construction ayant fait un bond et les ménages préférant s’éviter de nouvelles dépenses liées à l’entretien d’une piscine.
Le saviez-vous ?
En 2023, la WWF (World Wildlife Fund) a alerté sur la pénurie d’eau en Europe. Le stress hydrique qui affecte les territoires, mais aussi les populations, doit faire l’objet de toutes les attentions nationales et supranationales pour une meilleure gestion de l’eau.
La FPP relativise la responsabilité des piscines privées
La Fédération des Professionnels de la Piscine (FPP) le rappelle : « Au total, le parc des piscines n’a représenté sur l’année que 0,06 % de la consommation d’eau nationale (hors premier remplissage: 0,02 % pour les nouvelles piscines en 2023), soit environ 20,8 millions de m3 d’eau. Un chiffre qui reste très loin du 1 milliard de m3 d’eau gaspillée dans les fuites d’un réseau d’eau potable français vieillissant ».
La fédération insiste également sur la nécessité de l’utilisation de la couverture de piscine pour éviter l’évaporation. « Sans couverture, l'évaporation est de 36,59 m3 par an. Avec une couverture ouverte 12 h par jour, elle est de 8,26 m3 par an. Et avec une couverture ouverte 4 h par jour, elle n'est plus que de 1,78 m3 par an ». Elle déplore la non-optimisation de l’entretien des bassins aujourd’hui, car il existe des solutions plus écologiques pour éviter le gaspillage de l’eau si précieuse.
Si les détenteurs de piscines individuelles doivent faire des efforts pour limiter cette crise de l’eau qui risque de s’intensifier, en vérité, ce sont tous les secteurs qui doivent se mobiliser. L’agriculture, le nucléaire, le réseau d’eau potable, qui sont de gros consommateurs de l’or bleu.
Le saviez-vous ?
En France, la consommation d’eau s’élève à 4,1 milliards de m3 en moyenne par an. L’agriculture avec l’irrigation des sols est le plus gros consommateur d’eau (58 %), puis le secteur de l’eau potable (26 %), celui du nucléaire (12 %) pour le refroidissement des centrales et de l’industrie (4 %).
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