Immobilier : combien ça coûte de vivre dans une rue insolite ?

Clairement dans cette catégorie, on avait l’embarras du choix. Le plus dur a donc été d’affiner notre sélection. And the winners are… La rue des Crottes dans le 11e arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône). On vous arrête tout de suite : rien de cracra là-dedans. La rue tire son nom au mot “croto” qui, en provençal, signifie cave ou sous-terrain. On vous sent un peu déçu quand même. D’ailleurs, dans le 15e, il y a carrément le quartier des Crottes. Un quartier où Yves Montand a passé sa jeunesse. Mais revenons à notre rue des Crottes où vous pourrez négocier un bien immobilier pour 2 950 €/m2 en moyenne. Soit beaucoup moins que ce qui se fait ailleurs dans l’arrondissement (4 079 €/m2) ou dans la ville (4 216 €/m2). Faut-il y voir un lien de cause à effet ? 

Pour en avoir le cœur net, on a poursuivi nos recherches. Direction le 2e arrondissement de Lyon (Rhône) avec sa rue de la Gerbe sans nulle autre pareille. Eh bien figurez-vous qu’ici, l’immobilier se négocie plus cher (6 830 €/m2 en moyenne) que dans le reste de l’arrondissement (5 885 €/m2) ou de la ville (5 977 €/m2). Comme quoi… Oh, on a failli oublier. La rue de la Gerbe ne doit pas son nom à une sortie un peu trop arrosée mais à un ancien établissement marchand, la Gerbe d’Or, qui affichait en façade trois personnages en train de gerber (recueillir) du blé. 

Vous en voulez encore ? On a ce qu’il vous faut avec le chemin de Lanusse à Toulouse (Haute-Garonne), dans le quartier des Trois Cocus. Le combo gagnant. Une rue dans laquelle les prix immobiliers sont légèrement moins élevés (3 315 €/m2) que dans le reste de la ville (4 070 €/m2). Pas de quoi fouetter un chat. Si le chemin de Lanusse est désormais célèbre jusqu’au Canada - le Journal de Montréal a lui aussi listé quelques noms rigolos de par le monde - il doit en réalité son nom à François et Antoine Lanusse, deux élus municipaux du Moyen-Âge. Et à Toulouse, on dit que le chemin de Lanusse bat le record des plaques volées. Ça vous étonne ? Allez, on vous confie un secret : on aurait pu faire un spécial Toulouse tellement la ville rose regorge de rues aux noms insolites, voire même grivois. Mais on n’a pas voulu faire de jaloux…

Dans cette catégorie, on ne pouvait pas faire l’impasse sur la rue Pavée d’Andouilles à Saint-Gengoux-le-National (Saône-et-Loire). Pas facile facile, vous en conviendrez. La bonne nouvelle ? Ici, les prix immobiliers sont hyper attractifs (1 433 €/m2), dans la veine de ce qui est pratiqué dans toute la commune (1 494 €/m2). Il faut dire que cette cité pittoresque de Bourgogne ne compte qu’un petit millier d’habitants et que l‘activité économique y est très calme. Mais alors, pourquoi un tel nom de rue dans une si petite commune ? Tout simplement parce qu’à l’époque médiévale, toutes les rues étaient pavées pour permettre la circulation des voitures à cheval. Il fallait des pavés bien taillés, calibrés, pour avoir un revêtement régulier. Les pavés non conformes, qui étaient donnés aux communes voisines par les carriers, s’appelaient des… andouilles. Le nom est resté. 

Retour dans le Rhône, à Dardilly. Une ville située à seulement 13 kilomètres de Lyon. Alors forcément, les prix immobiliers s’en ressentent : comptez 5 076 €/m2 en moyenne. Ici, on a trouvé le chemin de Traîne-Cul (ça non plus, ça ne s’invente pas), qui n’est toutefois pas lanterne rouge. Au contraire même puisque les logements se négocient à près de 5 600 €/m2. On n’a pas trouvé beaucoup d’infos sur cette rue au nom insolite mais on fait confiance à votre imagination.

D’accord, il manque un “n” mais quand même : la rue du mont Conard ne pouvait que figurer dans notre palmarès de l’insolite. Une rue de Lyons-la-Forêt, dans l’Eure, où on peut faire de bonnes affaires puisque les prix immobiliers sont inférieurs à 1 900 €/m2. Et dans la ville (1 876 €). Et dans ladite rue (1 853 €). Petit cours d'étymologie au passage : au XVIIIe siècle en Normandie, le mot conard signifiait fier. D’ailleurs, à Rouen, on a longtemps célébré la fête des Conards !

Montons à la capitale comme disent les Sudistes, avec deux rues parisiennes qui méritent leur place : la rue des Boulets (11e arrondissement) et la rue Brisemiche (4e). Si avec ses 10 033 €/m2, la rue des Boulets est dans la moyenne haute de ce qui se fait dans le 11e (10 472 €/m2), la rue Brisemiche fait quant à elle figure de mauvaise élève. Ici en effet, il faut compter “seulement” 11 965 €/m2 alors qu’en moyenne, les prix immobiliers dans le 4e arrondissement de Paris s’affichent à 14 443 €/m2. 

C’est évidemment… la rue de l’Enfer, à Angers (Maine-et-Loire). On a choisi la cité angevine mais en réalité, les rues de l’Enfer, c’est pas ce qui manque : Metz, les Sables d’Olonne, Rouen, Perpignan, Saint-Malo… elles ont toutes leur rue de l’Enfer. On a même déniché la rue du Bas-de-l’Enfer, à Marquette-lez-Lille (Nord). Pourquoi ? C’est assez mystique. Enfin, façon de parler. Et ça dépend des communes. Mais nous, on préfère de loin la rue du Paradis. Chacun son truc. D’ailleurs à Angers, la rue de l’Enfer est quand même moins bien cotée (2 946 €/m2) que le reste de la ville (3 376 €/m2). Quel enfer ! (OK, elle était facile).

Dans le quartier très touristique du Marais, la rue des Mauvais Garçons (4e arrondissement de Paris) affiche elle aussi des prix dans la fourchette “basse” du secteur (12 956 €/m2). L’origine de son nom est toujours assez floue et se prête aux interprétations les plus fantaisistes. On a retenu l’hypothèse qu’au XVe siècle, cette rue était principalement habitée par des garçons bouchers, qui à l'époque se rendirent coupables de nombreuses exactions. Mais on vous laisse faire vos propres recherches.

Tout aussi improbable : la rue des Femmes Fraîches à Buxy (Saône-et-Loire). La rue a changé plusieurs fois de noms au cours des décennies. Les Femmes Fraîches feraient référence aux nombreuses nourrices qui habitaient jadis la rue. Envie d’y acheter un logement ? Prévoyez un budget assez faible : 1 677 €/m2. Un bon plan donc. 

Toujours pour moins de 2 000 €/m2, vous pourrez vous offrir un bien dans la rue des Mauvais Payeurs, à Montélimar (Drôme). Comptez 1 964 €/m2 en moyenne, un peu moins que dans le reste de la ville (2 293 €). Si vous y réalisez un investissement locatif, on espère que vous n’en croiserez pas trop… des mauvais payeurs. 

On conclut cette catégorie à Mèze (Hérault) avec la rue Gratte-Coudes. Malgré nos recherches, pas d’explication sur ce nom plus qu'étonnant. Peut-être la forme de cette voie en U a-t-elle inspiré la municipalité ? Ce qu’on sait de source sûre, c’est que les prix immobiliers y frôlent les 3 300 € (contre 3 456 dans le reste de la commune).

On a gardé les plus mignonnes pour la fin. Nos coups de cœur ? La rue du Chat qui Pêche à Gruissan (Aude). Appartements et maisons confondus, prévoyez un budget achat de 3 305 €/m2 en moyenne. Comme dans le reste de la ville. 

Terminons notre tour de France des rues insolites en Bretagne. Plus précisément à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) où on a trouvé la rue de la Pie qui Boit. Dans la ville, il faut compter en moyenne 4 912 €/m2. C’est déjà pas mal. Mais dans cette rue, il faudra encore rallonger votre enveloppe. Et pas qu’un peu puisque les logements s’y négocient à 6 126 €/m2. Et oui, ici la mignonnerie a un prix. 

Prix immobiliers Meilleurs Agents au 1er mars 2023. Le prix moyen est un prix hybride, appartements et maisons confondus.