Le soleil, la mer, la fougasse, les parties de pétanque endiablées... et des prix immobiliers encore attractifs. Et si Marseille était devenu the place to be ?
Depuis deux ans, la cité phocéenne voit débarquer en masse les Parisiens en quête de soleil et d’un rythme moins effréné. Et dans certains quartiers de la ville, les prix flambent. Alors, vraiment plus belle la vie à Marseille ? “Et si on partait vivre à Marseille ?” Ce qui n’était qu’une boutade lancée au cours d’un apéro entre amis, s’est concrétisé durant l’été 2022 pour Julia et Mathias. Elle travaille dans la pub, lui est informaticien. Pendant le confinement, à l’étroit dans leur T2 parisien, le couple de trentenaires a sauté dans le TGV, direction la cité phocéenne. Ils y ont télétravaillé pendant trois mois, dans une location avec jardin trouvée sur une plateforme spécialisée. “Ça a été le coup de coeur. Le vrai. Tout était réuni : le soleil et la mer bien sûr, mais aussi un coût de la vie moins élevé, un rythme plus tranquille…”, se souvient le couple.
Marseille, eldorado des Parisiens depuis le confinement
Après plusieurs allers-retours “à différentes périodes de l’année”, Julia et Mathias ont décidé de plaquer leur vie parisienne pour devenir propriétaires dans le 7e arrondissement de Marseille. Les amoureux ont profité de circonstances favorables : des taux d’intérêt encore bas et la possibilité de conserver leurs jobs… et leurs salaires parisiens. Ce qui ne gâche rien. Ils ont rapidement tissé de nouveaux liens dans leur quartier et profitent désormais d’une “vie sociale plus riche” et de longues balades sur la plage. “On a clairement meilleure mine qu’avant !”, plaisantent-ils. Dans leur nouvelle vie, nos trentenaires croisent souvent la route d’ex-Parisiens séduits eux aussi par les atouts du littoral provençal. Et pour cause. La région marseillaise est devenue en 2020 la destination préférée des Parisiens. Elle représentait alors près de 10% des arrivées (1), devant les régions bordelaise (7,9 %) et lyonnaise (7 %). En 2019, elle n’était qu’en troisième position. Un phénomène qui ne s’est pas démenti depuis. La chambre des notaires des Bouches-du-Rhône indique qu'entre juillet 2021 et juin 2022, 9 % des acheteurs à Marseille étaient… Franciliens. Interrogé à ce sujet, un agent immobilier marseillais confirme cet engouement, évoquant désormais une clientèle très majoritairement parisienne.
Les prix immobiliers marseillais ont bondi de 20% en deux ans
Un exode qui bouscule le marché local, jusque-là relativement stable, et qui fait bondir les prix immobiliers marseillais. Dans certains quartiers du centre-ville (Longchamp, le Camas, Noailles et Opéra), on parle carrément d’explosion, avec des tarifs multipliés par deux en quelques années. “Cette clientèle parisienne arrive avec un pouvoir d’achat bien plus important que les acquéreurs locaux et des budgets presque toujours supérieurs à 700 000 euros. Alors forcément, ils tirent les prix vers le haut, au grand dam des acheteurs marseillais. Ce que recherchent ces nouveaux clients ? Un appartement ou une maison avec un extérieur bien sûr, à deux pas de la mer pour pouvoir en profiter le plus souvent possible. Sinon, pourquoi venir à Marseille ?,” rigole-t-il.
Les 6e et 7e arrondissements restent les chouchous des Parisiens. Déjà très élevés, les prix y augmentent naturellement moins vite qu’ailleurs. Comptez plus de 4 000 €/m2* en moyenne dans le 6e et même 5 600 €/m2* dans l’arrondissement voisin. Selon Meilleurs Agents, le leader de l'estimation immobilière en ligne, les tarifs marseillais ont bondi de 9% entre septembre 2021 et septembre 2022 et de 10,6% l’année précédente. Malgré ces hausses impressionnantes, l’immobilier reste ici plus accessible que dans la plupart des grandes métropoles françaises. Phénomène assez nouveau toutefois : avec un tarif moyen de 3 822 €/m2, la cité phocéenne fait désormais jeu égal avec Montpellier ou Toulouse, qui la laissaient jusqu’alors à la traîne.
70% des acheteurs s'installent à Marseille
Si les acheteurs parisiens ont longtemps investi à Marseille dans le but de louer leur bien, ils sont désormais 70% à acheter pour s’y installer. L’arrivée du TGV dans les années 2000 et la transformation progressive du centre-ville séduisent ces nouveaux habitants. Selon les professionnels de l’immobilier locaux, seuls 10% feraient le trajet inverse, découragés par les problèmes d’insécurité ou d’insalubrité. “Marseille est une ville en pleine mutation. Il y a encore du chemin à parcourir mais on est sur la bonne voie. C’est la ville de tous les possibles. Ceux qui ont des projets, ceux qui veulent s’investir pour que Marseille occupe la place qu’elle mérite, celle de la deuxième ville de France, sont évidemment les bienvenus”, glisse notre agent un rien chauvin. Quant aux arrondissements moins prisés (14e, 15e) et surtout le 3e arrondissement réputé comme “le plus pauvre de France”, ils attirent une autre clientèle : les investisseurs locatifs qui peuvent espérer de belles rentabilités en investissant sur des quartiers en devenir. Et vous, prêt.e à tout quitter pour tenter l'aventure marseillaise ?
(1) Étude “Déménagement et confinement” menée par YouGov pour Nextories après le premier confinement de 2020, auprès de 1017 personnes représentatives de la population française. (2) Prix immobiliers Meilleurs Agents au 1er octobre 2022.
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