Musique et voisinage : et si on démêlait le vrai du faux ?

Karin Scherhag
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Le mercredi 21 juin, la France et de nombreux autres pays célébreront la 41e édition de la Fête de la musique. Une journée bénie des mélomanes puisque pendant quelques heures, chacun est encouragé à jouer de son instrument dans la rue. Sans crainte de gêner quelqu’un. Pas même ses voisins ! Tuba, violon, clavier ou guitare électrique s’affichent alors fièrement. 

Profitez-en parce que le reste de l’année, la situation peut être bien plus… tendue. Eh oui. Qui n’a pas déjà eu un voisin pianiste qui répétait pour la 150e fois le même passage de La lettre à Élise ? Et celui-là, fan de Rammstein, qui pousse les basses du matin au soir ? Ou encore celle-ci, qui se prend pour Céline Dion, la justesse en moins ? Ça vous rappelle de (mauvais) souvenirs ? On le savait. Alors on vous a préparé un “vrai/faux” spécial musique et voisinage. 

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Vrai/faux spécial musique et voisinage
Si la loi n'interdit pas de jouer (du piano) toute la journée, la courtoisie veut qu'on se limite.
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En journée, on a le droit de faire du bruit

Faux. Contrairement à une idée largement répandue (notamment dans les règlements de copro), il n’y a pas d'heure pour faire du bruit. Ou pour ne pas en faire, justement. Le trouble du voisinage ne connaît donc pas de limite, qu’il soit diurne (7h-22h) ou nocturne (22h-7h). Vous l’aurez compris, même en plein milieu d’après-midi, vous pouvez être taxé de tapage. Un conseil : baissez le son pour éviter les litiges. 

Les dimanches et jours fériés font figure d’exception

Faux. Ce serait trop beau. Mais qu’on célèbre le 14 juillet, le 15 août, la Saint-Sylvestre ou l’anniversaire du petit dernier : même tarif. Bon, dans les faits, on a quand même tous tendance à être plus conciliants les jours de fête. Et pour vous assurer un événement sans accroc, pensez à prévenir votre entourage proche. Ou même à inviter quelques voisins pour tisser des liens. Pourquoi pas ? 

Il existe un seuil sonore à ne pas dépasser

Vrai. Et ce seuil est relativement faible : au-delà de trois décibels d’émergence (c’est-à-dire la différence entre le bruit ambiant et le bruit supplémentaire causé par la musique), vous êtes en faute. Stop ! Ne jetez pas votre enceinte ou votre instrument à la poubelle. L’infraction n’est en effet caractérisée que si le bruit est considéré par un juge comme un “trouble anormal du voisinage”. Une notion assez complexe, définie par le Code de la santé publique, qui repose sur plusieurs critères : l’intensité, la durée et la répétition. En revanche, si vous êtes reconnu responsable, vous risquez une amende bien salée de 450 €. Voire même de 750 € en cas de récidive.

On peut trouver un arrangement amiable entre voisins

Vrai. Heureusement, on n’appelle pas la police à la première fausse note ! On ne saurait même trop vous conseiller de trouver un terrain d’entente avec vos voisins. Vous pouvez par exemple établir quelques règles amiables sur la fréquence et les horaires d’écoute. Ou de pratique. Et souvenez-vous : la musique adoucit les mœurs. Normalement.

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On ne peut pas jouer d’un instrument plus d’une heure par jour

Faux. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Bonne nouvelle donc pour les musiciens (amateurs ou professionnels) qui doivent pratiquer leur art : rien dans la loi n’empêche de jouer d’un instrument plus d’une heure par jour. Ça, c’est pour la théorie. Dans la pratique, c’est bien de ne pas abuser de la patience de ses voisins. Ou de ses colocs’. Et l’histoire montre que si une heure de pratique quotidienne est facilement tolérée, au-delà, on risque de s’attirer les foudres des uns et des autres.

Les musiciens professionnels peuvent jouer plus longtemps

Faux. Vous serez étonné de l’apprendre mais les juges se montrent moins indulgents à l’égard des musiciens professionnels ou des étudiants en musique. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment que ces derniers ont plus facilement accès à des lieux de répétition que les amateurs. Oui. Et non. Parce que clairement, ces salles ont un coût que les artistes ont rarement les moyens d’assumer.

Un enregistrement sonore pris avec mon téléphone est inutile

Vrai. Si vous vous posez cette question, c’est que l’arrangement amiable qu’on vous conseillait plus tôt a fait flop. Dommage. Alors pour prouver la nuisance sonore, vous pensez à l'enregistrer ? Logique. Mais vous pouvez remballer votre téléphone puisque votre enregistrement n’a aucune valeur en justice. Seul un acousticien professionnel est habilité à réaliser un mesurage acoustique pertinent sur le plan technique et scientifique. Et juridique donc. 

Fête de la musique : un succès planétaire

Un peu d’histoire ? En 1982, une grande enquête sur les pratiques culturelles des Français dévoile que cinq millions de personnes, dont un jeune sur deux, jouent d’un instrument de musique. Les manifestations musicales organisées jusqu’à lors ne concernent pourtant qu’une minorité de Français. Jack Lang, alors ministre de la Culture, imagine une grande manifestation populaire qui doit permettre à tous les musiciens de s’exprimer et de se faire connaître. 

C’est ainsi que la première Fête de la musique est lancée le 21 juin 1982, jour symbolique du solstice d’été. Jour le plus long de l’année dans l’hémisphère Nord. La fête est gratuite, ouverte à toutes les musiques "sans hiérarchie de genres et de pratiques" et à tous les Français. Et le résultat dépasse toutes les espérances : des milliers d’initiatives ont lieu dans toute la France. Les musiciens s’installent partout dans les rues, les squares, les kiosques, les cours, les jardins, les gares, les places… 

La Fête de la musique commence à s’exporter en 1985, à l’occasion de l’Année européenne de la Musique. En moins de dix ans, l’événement est repris dans 85 pays, sur les cinq continents. Succès international, phénomène de société, un timbre poste lui est consacré en 1998. Désormais, plus de 120 pays participent à la Fête de la musique. Sortez les trompettes !

 

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