Voisins : et si c’était la fête tous les jours ? 

Karin Scherhag
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Crise sanitaire ou pas, les relations de voisinage n'ont pas évolué depuis 1983. C'est ce que révèle une enquête de l'Institut national d'études démographiques.
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Les Français restent très attachés à leurs relations de voisinage. D’ailleurs, la qualité et la quantité des échanges entre voisins n’a guère évolué depuis… 1983. Et profitent toujours aux populations les mieux dotées, en diplômes et en revenus. C’est ce que révèle l’enquête Mon quartier, mes voisins menée par l’Institut national d’études démographiques (Ined). Éclairage.  Halte aux idées reçues. En France, les relations de voisinage sont au beau fixe. Neuf Français sur dix discutent avec leurs voisins et trois quarts d’entre eux leur rendent visite et échangent avec eux des services.  Des pratiques étonnamment stables depuis près de quatre décennies. C’est le constat dressé par l’Institut national d’études démographiques (Ined), qui avait déjà réalisé une première enquête dédiée aux relations de voisinage en 1983. Sa nouvelle enquête Mon quartier, mes voisins a été menée auprès de près de 3 000 personnes dans quatorze quartiers en régions parisienne et lyonnaise. 

Voisins : des services “peu engageants”

Qu’y apprend-t-on d’autre ? Qu’entre voisins, on parle littéralement de la pluie et du beau temps. La météo est un sujet de conversation prisé par 83% des sondés. Mais on s’échange aussi des conseils utiles sur les écoles du quartier, les opportunités d’emploi, des contacts pour des services à domicile ou les commerces de proximité. Quant aux services qu’on se rend, ils sont qualifiés de “peu engageants” par l’Ined : on se prête un objet, un outil, on accompagne son voisin si celui-ci n’a pas d’autre moyen de locomotion, on récupère ou on garde les enfants de façon ponctuelle. Mais ces relations sont très différenciées. Les 30-44 ans, les familles avec enfant(s), les propriétaires et les personnes installées dans le quartier depuis au moins dix ans voisinent davantage que les autres. À l’inverse, cette pratique est moins répandue chez les 18-29 ans, les personnes seules, les locataires et les nouveaux venus dans le quartier (depuis moins de deux ans). Les hommes, eux, voisinent autant que les femmes mais on a tendance à discuter davantage avec un voisin du même sexe que le sien (72% des interrogés). De même, ces relations s’installent plus facilement entre personnes du même rang social. 

On voisine plus dans les quartiers bourgeois et en zones rurales

Les visites et les services échangés sont également plus fréquents dans les quartiers bourgeois et en voie d’ascension sociale, ainsi que dans les communes rurales. L’enquête de l’Ined met par ailleurs en lumière le fait que la pratique de voisinage augmente avec le niveau de diplôme et les revenus. Cette pratique est de fait totalement absente chez 10% des personnes sans diplôme et 11% des ménages gagnant moins de 1 000 euros par mois. Si les bourgeois et les gentrifiés voisinent beaucoup plus, ils sont logiquement aussi plus souvent sources ou victimes de conflits de voisinage.

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Quelles relations de voisinage depuis le Covid ?

Pas assez structurante, la crise du Covid n’a pas modifié le nombre d’interactions entre voisins. Elle a cependant impacté leur nature. Ainsi, les employés et les ouvriers ont plus voisiné qu’à l’ordinaire, les personnes âgées ont reçu plus de services, tandis que les 30-44 ans ont consacré davantage de temps à leur famille et donc moins à leurs voisins. 
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