Pouvoir d’achat : pourquoi la location de meubles cartonne

L’appartement de Sophie V. pourrait ressembler à n’importe quel T2 haussmannien soigneusement décoré de la capitale. À ceci près que dans le salon de la jeune femme, le mobilier est… en location. Le canapé, la table basse, le meuble télé et le bureau sont loués pour 60 euros par mois, livraison et installation comprise. 

Sophie a fait ce choix pour des raisons purement pratiques : DRH dans une grande entreprise agro-alimentaire, elle déménage régulièrement. Dans toute la France. “J’aurais pu louer un appartement meublé, répond la jeune femme, mais les loyers étaient plus chers et la déco, pas forcément à mon goût”, confie-t-elle. 

Quand Sophie n’aura plus besoin de ses meubles, ils seront renvoyés à l’entreprise de location pour y être nettoyés en profondeur et remis en état si besoin, avant d’être reloués sans mal au client suivant. Car la location de meubles séduit de plus en plus de Français. Alors les plateformes de location de meubles et d’électroménager se multiplient : Homat (la plus ancienne), In Lease, Loc And Roll, Orent ou Airnest notamment. Même les grandes enseignes comme Darty et Boulanger s'engouffrent dans la brèche, quand Camif annonçait il y a quelques jours son arrivée sur le marché. Arrivés en fin de location, les produits électroménagers sont revendus en matériel de seconde main.

Les profils des clients sont très variés : "On peut avoir des étudiants dans un logement pour seulement quelques mois, une famille qui va avoir un enfant et qui doit s’équiper, une personne qui veut changer régulièrement de décoration", liste Estefania Gonzalez de Ubieta, fondatrice de Loc And Roll, une société implantée dans 25 départements français. Les plateformes Homat et In-Lease s’adressent, elles, majoritairement à des salariés mutés en France qui attendent le déménagement de leurs meubles ou qui préfèrent en louer pour toute la durée de leur mission, mais aussi aux propriétaires qui louent leur bien meublé. 

La location peut aller d’un mois à cinq ans pour la majorité des plateformes et le loyer est dégressif avec la durée. Un dépôt de garantie et un acompte sont aussi demandés. "Le client choisit sur le site le ou les produits qui l’intéressent (du mobilier bien sûr, mais aussi de la vaisselle, de l’électroménager et du multimédia, des meubles de jardin…) et indique la durée de location souhaitée", explique Estefania Gonzalez de Ubieta. Les meubles peuvent être loués à l’unité mais également sous forme de pack pour les étudiants par exemple, avec un lit, une table, un luminaire, une étagère ou par pièces complètes. Chez Loc And Roll, "on a créé une offre spéciale pour le télétravail car on a vu qu’il y avait beaucoup de demandes de bureaux et de chaises", ajoute encore sa fondatrice.

Chez Boulanger, on peut donc désormais louer sa machine à laver pour 30/mois €. Si on fait les comptes, pour un appareil vendu 899 € dans le même magasin, au bout de 30 mois il devient plus intéressant de l’acheter. 

Autre exemple qui parlera aux jeunes parents : chez Orent, la location d’un lit à barreaux pour bébé est facturée 13 €/mois pour une prestation de deux ans et environ 11 € sur une période de trois ans. À l’achat, ce genre de mobilier est vendu entre 100 et 200 € selon les enseignes. L’intérêt de la location n'est donc pas flagrant. Mais la livraison, le montage et la reprise de l’ancien mobilier sont inclus dans le prix. Un service clé en main qui fait grimper la note, certes, mais qui permet d’éviter les coûts liés aux transports et au stockage de meubles. “Nos clients ont l’usage des meubles sans les contraintes”, résume Estefania Gonzalez de Ubieta. Et on le rappelle : une fois repris, le mobilier sera utilisé par une autre personne. “Une économie circulaire qui permet de rallonger la durée de vie du meuble.” Et ça, c’est bon pour la planète.