Bientôt le printemps, le retour des beaux jours et… du grand ménage ! Parce que faire le tri, désencombrer et ranger sont aussi bons pour notre moral, nous avons sollicité les conseils d’Élodie Boulard, alias la Fée du Tri. Coach en rangement depuis 2016, cette Bordelaise d’adoption vous aide à organiser votre logement pour ne plus jamais vous laisser déborder.
Quels sont les bienfaits psychiques du rangement ?
Qui dit home organizing dit philosophie de vie. Dès que vous vous y essayez, il y a un avant et un après. Tout se simplifie, tout se vide. On gagne énormément de temps puisque tout est à sa place ; on fait des économies puisque les choses étant bien rangées, on les retrouve et on n’a pas besoin d’en racheter. Les objets dont on prend soin s'abîment moins aussi. La charge mentale diminue, on a de moins en moins de choses à faire, on peut se vider le cerveau. Quand on vit en couple ou en famille, c’est essentiel de rendre tout le monde autonome afin que chacun puisse s’y retrouver et participer.
Quels conseils donnez-vous à ceux qui rêvent d’un logement bien rangé ?
La base évidemment, c’est le tri. Mais il faut veiller à commencer petit : on ne s’attaque pas à tout son dressing en une fois, on se concentre d’abord sur une partie. On peut aussi trier les médicaments, les stylos… Il ne faut pas y passer plus d’une heure au risque de se décourager. Mieux vaut faire des petits pas. Et les faire seul. Se faire accompagner par un ami ou un membre de la famille est une fausse bonne idée parce qu’il y a trop d’affect. On peut consacrer au tri une heure par jour ou par semaine en fonction de son emploi du temps. Ensuite, il faut trouver une place pour chaque chose et il faut que cette place soit pertinente. N’allez pas ranger vos piles au fond de votre garage si vous en avez besoin régulièrement. Sinon, elles finiront à coup sûr sur le meuble de l’entrée. Autant leur trouver une place dans un tiroir de l’entrée justement. Et puis, il faut créer une routine. On range cinq minutes par jour comme on se lave les dents. On le fait en famille, de façon ludique. Et tous les deux-trois mois, on fait le point sur les objets qu’on n’a pas utilisés. Ceux-là, on les donne, on les vend ou on les jette. Ça ne prend pas plus d’une heure.
Chaque pièce compte ?
Bien sûr, elles sont toutes très importantes. À commencer par la chambre des parents puisque c’est à eux de montrer l’exemple. Vient ensuite la salle de bains, l’endroit où on prend soin de soi. Et la cuisine, un lieu de partage dans lequel on se nourrit de toutes les façons possibles. Mais il ne faut pas non plus négliger la cave ou le grenier. Si le cerveau sait qu’il y a du bazar là-dedans, ça crée une charge mentale. Combien de personnes entend-t-on répéter pendant vingt ans qu’elles doivent ranger le garage ? Ça, c’est de la charge mentale.
Comment garder des petits espaces rangés sans que ça ne finisse par déborder ?
C’est justement plus facile dans les petits espaces car on a moins tendance à accumuler. Il faut, une fois encore, simplement trouver des rangements pertinents. Ce n’est jamais un manque de place, c’est toujours un trop d’objets. Et si on doit passer d’une maison de 150 m2 à un appartement de 30 m2, il faut accepter que notre mode de vie a changé et s’adapter. Beaucoup de mes clients rêvent de déménager dans un logement plus petit parce que plus on vit dans quelque chose de petit, plus on a de temps pour soi. Et ça, c’est génial.
Vous dites qu’il existe plusieurs techniques de home organizing, quelle est la vôtre ?
Il y a deux grandes familles de professionnels de l’organisation. Ceux qui travaillent avec leurs clients, qui les accompagnent dans leurs démarches, comme Marie Kondo. Et ceux qui, à l’instar de The Home Edit, travaillent sans les clients : ils viennent, classent, mettent des étiquettes, rangent dans des boîtes, font en sorte que ce soit beau. On les sollicite de manière plus ou moins régulière, un peu comme une femme de ménage. Moi, j’ai choisi l’accompagnement parce qu’être avec mes clients, c’est ce qui me fait kiffer. Je suis donc plutôt de l’école Marie Kondo mais j’ai adapté ses préceptes à la française. C’est plus rock’n roll (sourire) !
Votre travail repose davantage sur une prise de conscience de vos clients ?
Tout à fait. On échange énormément sur la façon dont ils consomment, sur leur difficulté à faire le tri ou à se séparer de certains objets… ça réveille des choses douloureuses parfois. Alors on prend le temps et on travaille toujours dans la bienveillance, sans jugement, afin de recréer un cocon, un lieu de réconfort et de ressourcement. Et non pas un lieu de charge mentale et d’engueulades.
Quel est le déclic de vos clients ?
C’est souvent un burn out ou l’engueulade de trop. Quand ils m’appellent, c’est qu’ils sont à bout et qu’ils savent qu’ils n’y arriveront pas seuls. Mes clients sont des personnes ouvertes au développement personnel et qui acceptent de se faire aider.
Comme une thérapie ?
Oui, le home organizing c’est une thérapie par le tri. Pendant nos sessions de rangement, beaucoup de clients pleurent. Les émotions liées à certains objets refont surface. C’est intense.
Combien de temps dure votre intervention ?
Entre cinq et huit jours selon l’état de la maison. Tout cela est étalé sur plusieurs mois : ça permet de faire des pauses, de réaliser des petits exercices et de digérer toutes ces émotions.
Et comment garder notre logement rangé après votre départ ? C’est de l’auto-discipline ?
Je ne parlerais pas de discipline. En moyenne, j’enlève 60% des objets qui se trouvent dans le logement. Après mon départ, on a donc moins de choses à ranger. On fait un gros reset ensemble et ensuite, il faut faire des mises à jour de temps en temps. Mes clients ne se laissent jamais à nouveau envahir. Ils ont compris que ce qui crée le bazar, ce sont nos achats et sont donc vigilants à ne pas surconsommer.
Vous avez un parcours plutôt atypique puisque vous avez commencé votre carrière dans le cinéma…
Je suis une de ces toquées du rangement et évidemment, en tant qu'assistante caméra, je devais aussi faire preuve d’une bonne organisation. Mon ancien métier m’a conduite en Nouvelle-Zélande où j’ai réellement été sensibilisée à l’écologie, au zéro déchet, aux discours de Pierre Rabhi, de Bea Johnson… Pour couronner le tout, j’ai découvert la philosophie de vie de Marie Kondo, la papesse du rangement, une personnalité très inspirante. C’est en lisant son livre que j’ai compris que ranger, ça pouvait être un métier. Pour moi, c’était le rêve absolu ! Alors je me suis lancée. À l’époque, personne ne connaissait le métier de home organizer mais j’ai senti qu’il fallait que je le fasse. C’était un peu dingue (rires).
Vous avez depuis été formée par Marie Kondo elle-même !
Oui, mon entreprise La Fée du Tri était créée depuis un an quand j’ai su que Marie Kondo proposait une formation en Europe, à Londres. J’y ai vécu un moment incroyable et j’ai appris énormément de choses. J’ai passé un an et demi à travailler pour obtenir la certification Marie Kondo mais j’ai finalement décidé de ne pas faire partie de son équipe de consultantes parce que j’avais envie de garder ma liberté. Je voulais pouvoir former à mon tour des coaches en rangement, participer à des émissions de télé…
Les cinq règles d’or de la Fée du Tri
- Donner une place pertinente à chaque chose ;
- Ranger tout de suite tout ce qui peut l’être en moins de cinq minutes (les courses, le linge…) ;
- Éduquer toute la famille en montrant l’exemple ;
- Mettre en place une routine rangement quotidienne ;
- Consommer mieux : un objet qui entre, c’est un objet qui sort (vêtement, livre, jouet…).
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)