Drôle de printemps pour le marché immobilier. Si les zones rurales continuent d'attirer les acheteurs, les grandes villes, elles, ne connaissent pas le sursaut attendu.
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À l’instar de Paris, Nice (notre photo), Toulouse, Lille ou Nantes, les grandes villes françaises ne font plus recettes auprès des acheteurs. Et l’augmentation graduelle des taux d’intérêt - qui pourrait rapidement plomber le pouvoir d’achat immobilier des Français - ne devrait pas arranger les choses.
Ce printemps n’est décidément pas comme les autres. Alors que le retour des beaux jours s’accompagne généralement d’un sursaut du marché immobilier - et d’une hausse des prix en conséquence - l’activité reste “atone dans les grandes villes métropolitaines”, souligne Barbara Castillo-Rico, responsable des études économiques chez Meilleurs Agents. Depuis le 1er avril, les prix immobiliers en France sont restés quasi stables (+0,3% en moyenne). Lors des années précédentes (2018, 2019, 2021), ils avaient augmenté de 0,7%. Marquée par le début de la crise sanitaire, l’année 2020 faisait évidemment exception.
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En y regardant de plus près, on s’aperçoit rapidement que ce sont les grandes métropoles qui tirent le marché immobilier vers le bas, avec des prix qui n’ont augmenté que de 0,2% en moyenne depuis le début de l’année. C’est cinq fois moins qu’en 2019 ! Plus étonnant encore, c’est même moins "bien" qu’en 2020 : au beau milieu du premier confinement en France, les dix plus grandes villes de l’Hexagone avaient vu leurs prix augmenter de 0,3%.
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À noter
Seules trois grandes villes françaises continuent de résister : Marseille, Strasbourg et Montpellier, qui connaissent respectivement des hausses de prix de 0,9%, 0,8% et 0,5%.
Certaines villes basculent définitivement dans le rouge ce mois-ci. C’est le cas de Nantes (-0,1%), Toulouse (-0,2%), Lille (-0,3%) et Nice (-0,5%). À Paris, les prix immobiliers affichent une baisse discontinue depuis huit long mois (avec une nouvelle baisse de 0,2% ce mois-ci) et flirtent désormais avec la barre symbolique des 10 000 €/m².
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Dans les zones rurales, les prix immobiliers ont bondi de 23% en cinq ans !
Malgré la hausse spectaculaire des prix des carburants, l’attrait des campagnes ne se dément toujours pas. Au contraire. Dans les secteurs ruraux, les prix immobiliers enregistrent une nouvelle augmentation (+0,9% ce mois-ci). Depuis le début de la crise sanitaire, les Français se ruent littéralement sur les villes moyennes et rurales où on assiste à une véritable flambée des prix immobiliers : +17% depuis mars 2020… et même +23% en cinq ans ! Soit une hausse des prix identique à celle qu’a connue Paris sur la même période. Si le marché immobilier reste pour l’heure abordable dans la majorité de ces secteurs (1 780 €/m² en moyenne contre 1 521 €/m² il y a deux ans), certaines “petites” communes sont déjà victimes de leur succès : manque de foncier, maisons qui s’arrachent à prix d’or et acheteurs obligés de s’éloigner toujours davantage des grandes métropoles. “Dans les grandes villes, le budget des acheteurs est déjà serré. Les emprunteurs sont souvent proches du taux d’endettement maximal et pourraient donc être tentés de se tourner eux aussi vers les zones périphériques dans lesquelles les biens se négocient à moins de 2 000 €/m². Cela risque d’accentuer encore la dichotomie qui existe entre ces deux “mondes””, annonce Barbara Castillo-Rico.Image
Les taux d’intérêt ont augmenté de 0,45% depuis janvier 2022
Le printemps immobilier pourrait-il quand même arriver avec quelques semaines de retard cette année ? Rien n’est moins sûr. À la situation sanitaire (le Covid reste présent dans l’esprit d’une majorité de Français), économique (une inflation de l’ordre de 4,5% en mars) et géopolitique (guerre en Ukraine), vient en effet s’ajouter une hausse substantielle des taux d’intérêt. Selon le courtier en ligne Empruntis, ceux-ci ont bondi de 0,45% depuis le début de l’année pour atteindre 1,45% en moyenne sur vingt ans.À noter
Les taux d’intérêt sur vingt ans ont déjà dépassé leur niveau d’avant crise : 1,40% en 2019 et 1,35% en 2020.
Les conséquences peuvent être nombreuses. “Ceux qui avaient des profils risqués ou qui se présentaient sans apport se verront refuser l’accès au crédit”, indique la responsable des études économiques de Meilleurs Agents, qui invite d’ailleurs “tous ceux qui avaient établi leur budget en février avec des taux d’intérêt inférieurs de 0,5 point à reboucler celui-ci avec leur banquier afin d’éviter des déconvenues.”
Dans les zones les plus chères, cette hausse des taux de crédit plombera le pouvoir d’achat des acquéreurs. Et cela pourrait avoir un impact dès ce printemps sur les prix de la pierre, qui devraient encore baisser dans les grandes métropoles…
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